Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 2 octobre 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, chers collègues, les meilleures choses ont une fin : nous arrivons à la fin d'un long parcours commencé il y a près d'un an, me disait à l'instant Guillaume Garot, avec des états généraux de l'alimentation, qui avaient suscité une grande espérance, un sommet dans l'enthousiasme collectif ayant certainement été atteint avec le discours du Président de la République à Rungis.

Nous ne sommes pas naïfs. Ayant un peu d'expérience dans le monde professionnel, le monde économique, le monde paysan, une petite expérience d'élu, nous savions qu'un discours n'est pas une baguette magique et qu'il n'allait pas révolutionner le milieu. Tout de même nous y avons cru, et c'est avec sincérité et loyauté, monsieur le ministre, que nous avons donné le meilleur de nous-mêmes lors des états généraux de l'alimentation, comme, je crois, tous ceux qui y ont participé.

Comment une telle espérance suscitée par la mobilisation de la société civile a-t-elle pu aboutir à des querelles picrocholines comme celles qui ont animé cet hémicycle sur le glyphosate ou d'autres sujets ? Cela restera un mystère. Il faudra en dresser l'analyse parce que l'intention, celle de Nicolas Hulot et la vôtre, était belle, et je voulais vous remercier de l'avoir menée à terme.

Nous n'avons pas cru naïvement en la capacité de ce discours de tout transformer parce que nous savons la fragilité d'une offre fragmentée par rapport à celles des oligopoles ; nous savons la faiblesse des outils européens de régulation, qui ont été démantelés au cours de la dernière décennie ; nous savons tous les risques de dumping social et environnemental des traités transatlantiques en cours de négociation par l'Union européenne.

Il n'empêche : nous y avons cru. Le groupe socialiste a défendu, par la voix notamment de Guillaume Garot, deux lignes claires : la justice pour les producteurs et une nourriture de toutes les qualités pour tous. C'est dans cet esprit que nous avons formulé nos propositions.

Nous avons obtenu – et je rejoins à ce propos mon collègue Benoit pour vous remercier de votre disponibilité – le vote de trois amendements qui ne sont pas tout à fait anodins à nos yeux. Ils participent en effet de l'« empuissancement » de la société – j'ai appris il y a peu ce terme québécois – , c'est-à-dire la capacité de la société à se transformer elle-même grâce à des outils mis à sa disposition par la loi.

C'est le cas de la haute valeur environnementale. Nous avons, grâce au dialogue avec le rapporteur et Mathieu Orphelin, acté sa place dans le panier des 50 % « bio and co », qui ne seront pas n'importe quoi mais qui auront une certaine ambition. Il agit surtout pour nous comme horizon d'une transformation, à côté de l'agriculture biologique, d'une grande part de notre agriculture : un tiers en bio, un tiers en haute valeur environnementale et un tiers en agriculture conventionnelle. C'est le premier acquis.

L'autre est celui de redéfinir l'agriculture de groupe, puissant moyen de solidarité et d'économie dans nos campagnes, et d'esquisser, même de façon déclarative, la perspective de conventions tripartites pluriannuelles qui associent producteurs, transformateurs et distributeurs, assurant à chacun une rémunération juste à son travail.

Voilà pour les acquis du groupe socialiste. Certains les trouveront maigres ; nous devons néanmoins nous en réjouir.

Mais, pour reprendre une maxime que Roland Lescure tient de son grand-père paysan « c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses ».

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