Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du mercredi 3 octobre 2018 à 15h00
Évolution du logement de l'aménagement et du numérique — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Si l'on en croit les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, il y a dans notre pays 12 millions de personnes qui sont touchées par la crise du logement ; 2,8 millions vivent en situation de surpeuplement, sans confort et dans une très grande précarité. Et nous avons franchi, il y a quelques jours, le seuil des 2 millions de ménages inscrits sur le fichier des demandeurs de logement HLM. C'est un record ! Cette situation insupportable est indigne de la sixième puissance économique du monde. Quand nous légiférons sur la question du logement, nous devrions tous avoir cette réalité en tête.

La crise du logement est à la fois une crise quantitative – il n'y a pas assez de logements – et une crise des prix. En effet, le principal facteur de dégradation du pouvoir d'achat des ménages au cours des dix dernières années a été l'augmentation du prix du logement. La part qui lui est consacrée est passée de 18 à 25 % du budget des ménages en moyenne ; dans les zones tendues, telle la région parisienne, que je connais bien, elle atteint parfois 40 %.

Comment répondre à cette crise du logement abordable si ce n'est en construisant, en priorité, des logements abordables ? Dans notre pays, les HLM, les habitations à loyer modéré, ne sont pas un logement résiduel pour les exclus ou les plus pauvres. Dès l'origine, ils ont été pensés comme des logements généralistes. Ils ont la capacité de loger 75 % du salariat français. Il s'agit d'un creuset d'intégration et d'un facteur de mixité sociale. Or le texte va à l'encontre de cela. Votre réorganisation des HLM consiste à contraindre les organismes à conclure des mariages forcés et à vendre leur patrimoine pour financer les futurs programmes de construction. Ce sera une petite mort pour des centaines d'entre eux et cela renforcera les géants éloignés du terrain.

En outre, je l'ai dit, ce projet de loi est une attaque sans précédent contre la loi SRU, une attaque qui fait ressurgir dans le débat public les arguments les plus archaïques, les plus égoïstes, loin de notre République une et indivisible. Pourquoi, dix-huit ans après son adoption à l'unanimité de l'Assemblée nationale, revenir sur une loi qui a su prouver son efficacité et combattre les réflexes primaires de l'entre-soi ? Pourquoi satisfaire la volonté qu'ont certains de préserver les ghettos de riches au détriment de la mixité sociale et de la solidarité nationale ?

J'écoutais ce matin Gérard Collomb. Il est toujours intéressant d'écouter un ministre qui quitte le Gouvernement…

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