Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du jeudi 4 octobre 2018 à 21h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 57

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Merci, mon cher collègue, pour votre démonstration très utile. Il vous reste néanmoins à démontrer que le libéralisme, lui, fonctionne ! Cela fait quinze, vingt, trente ans que l'on applique, à des nuances plus ou moins marquées, les recettes que vous préconisez. Et, que je sache, on n'a pas constaté que ça fonctionnait !

N'oubliez pas, dites-vous, que nous vivons dans une économie financiarisée, comme si elle tombait du ciel. Mais elle résulte de décisions politiques ! Et le projet de loi dont nous discutons aggravera la financiarisation de notre économie.

De même, vous parlez d'une économie ouverte, comme si cela aussi tombait du ciel, comme si nous n'y pouvions rien. Mais ne voyez-vous pas que la majorité à laquelle vous appartenez accélère cette ouverture en allant toujours plus avant dans le libre-échange ? En témoignent le JEFTA, l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Japon décidé cet été sans que le Parlement puisse en dire un mot, ou cette autre décision, prise par M. Macron au niveau de l'Union européenne, selon laquelle aucun parlement national n'aura à se prononcer sur les accords de libre-échange.

Ces paramètres, dont vous faites des arguments d'autorité pour nous expliquer que rien d'autre n'est possible, c'est vous-même et la majorité à laquelle vous appartenez qui les avez créés. Vous ne pouvez vous plaindre des causes tout en proposant d'y remédier par leurs nécessaires conséquences.

Vous dites, monsieur le ministre, que le salarié ne s'intéresse qu'au chiffre en bas à droite de sa feuille de paie, celui du salaire net, sur lequel vous l'invitez d'ailleurs à fixer sa loupe pour occulter tout le reste. Bien entendu, les yeux sont d'abord rivés sur le chiffre en bas à droite. Néanmoins, vous ne pouvez, sinon commettre l'erreur de dire – car vous savez très bien ce qu'il en est – , du moins prétendre que les cotisations sociales ne sont pas partie intégrante du salaire, et les résumer à des taxes ou à des charges.

Le salarié français, dont vous voudriez fixer les yeux sur le chiffre en bas à droite de sa fiche de paie, sait pourquoi ces cotisations y figurent le jour où il entre à l'hôpital, où il est pris en charge à la suite d'un accident de la vie, comme la maladie, où il est remboursé de quelque dépense de santé que ce soit.

Je vous mets donc en garde contre cette vision instantanée, par le petit bout de la lorgnette. D'autre part, vous le savez, c'est tout notre système social, notamment notre système de santé, que vous mettez ici en difficulté. Peut-être que les salariés qui, demain, constateront une augmentation de quelques dizaines d'euros sur leur fiche de paie verront-ils aussi, à l'autre bout de la chaîne, ce qui se passe lorsque l'on aggrave les comptes de la Sécurité sociale, lorsque la prise en charge par les services publics diminue, lorsque l'on ne peut plus se soigner sans souscrire des complémentaires santé très onéreuses.

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