Intervention de Jean-Carles Grelier

Réunion du mercredi 3 octobre 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Carles Grelier, rapporteur :

Vous avez le droit, mes chers collègues, de ne pas partager cette analyse. Je suis pour ma part extrêmement respectueux de l'engagement des élus des territoires – de tous les élus. Les conseillers municipaux sont souvent les soutiers de la République. Ils sont en première ligne, et à ce titre, les premiers à entendre les attentes et les angoisses de nos populations. Encore une fois, il serait inacceptable de les tenir à l'écart de l'organisation territoriale de la santé.

Enfin, monsieur Isaac-Sibille, vous m'invitez gentiment à rejoindre la majorité. Je vous en remercie infiniment. C'est vrai que tout bouge et tout change, puisque ce matin-même, la présidente s'est qualifiée de « libérale ». Malgré tout, je suis contraint de décliner votre invitation : je préfère rester dans mon rôle d'aiguillon de la majorité, plutôt que de devenir l'un des vôtres.

Madame Firmin-Lebodo, je ne reviendrai pas sur les constats que nous partageons, ni sur le calendrier du Président de la République car je m'en suis déjà expliqué. Mais il se trouve que le calendrier législatif m'imposait de déposer cette proposition de loi avant le 29 août et, qu'à cette date, les Français n'avaient toujours pas eu connaissance des projets du Président de la République en matière de santé.

Monsieur Aviragnet, je vous remercie de l'intérêt que vous avez porté à mes propositions. Je vous ferai par ailleurs remarquer que ni les uns ni les autres n'avons à porter indéfiniment tout ce qu'ont fait les gouvernements auxquels nous avons appartenu ou que nous avons soutenus – du reste, il faut avoir l'honnêteté de reconnaître qu'on fait de bonnes choses à droite comme à gauche. En l'occurrence, je pense que la T2A a montré ses limites. Proposer d'en sortir ne constitue pas forcément une condamnation du passé, mais revient à prendre en compte de manière assez pragmatique la situation.

Monsieur Ratenon, vous avez sans doute en mémoire quelques vieux cours de mathématiques. Je pense en l'occurrence au théorème – ou à la relation – de Chasles : AB+BC=AC. Il semblerait qu'à partir du moment où un Républicain fait des propositions qui pourraient être partagées par M. Macron, il devienne lui aussi l'ennemi à abattre. Je le regrette, et je regrette que vos appliquiez ce principe à la politique. Laissez-le aux mathématiques, il y est bien mieux.

Monsieur Dharréville, merci d'avoir évoqué les boules à neige de notre enfance. Je n'ai pas la prétention de faire la pluie et le beau temps sur la santé. J'aurais juste aimé pouvoir avancer un peu et servir d'aiguillon.

Vous avez évoqué les centres de santé. Sachez que l'élu républicain et libéral qui vous parle a été l'un des premiers maires de France à en créer un en 2011 pour pallier les problèmes de démographie médicale – et plus de 400 maires sont venus s'inspirer de notre expérience. Mais aujourd'hui, je rencontre les mêmes difficultés que partout ailleurs sur le territoire à recruter des médecins généralistes. Pendant dix ans, le salariat a semblé être la solution, mais il montre à présent ses limites.

Je partage toutefois avec vous l'idée selon laquelle il n'y a pas de modèle unique. Si l'un d'entre nous, dans cette salle, avait trouvé la pierre philosophale en matière de démographie médicale et la solution à tous les problèmes, cela se saurait. Pour ma part, je n'ai pas une telle prétention.

Vous avez également parlé de « confusion » entre le public et le privé : je préfère parler de « collaboration ». Je pense notamment qu'à l'intérieur des groupements hospitaliers de territoire, les GHT, un vrai dialogue avec la médecine de ville peut s'instaurer. N'oublions pas que c'est toujours la médecine de ville qui prescrit l'hospitalisation, qu'elle soit publique ou privée, en dehors des soins non programmés et des urgences. Voilà pourquoi il me semble que penser et organiser la carte sanitaire d'un territoire sans y associer les médecins de ville et, dans un esprit de collaboration et de complémentarité, l'hospitalisation privée, c'est se priver d'une chance. Sans compter que cela peut finir par être dispendieux.

Je préside aujourd'hui encore le Comité des élus d'un petit GHT dans la Sarthe, qui rassemble dix hôpitaux. Nous sommes en train de travailler à la création d'un centre de cancérologie, qui sera commun à une clinique privée et au centre hospitalier du Mans. C'est, à mes yeux, une solution exemplaire et intelligente, qui préfigure peut-être ce qu'il faudra envisager de faire à l'avenir : un peu moins de concurrence, et un peu plus de complémentarité entre le public et le privé.

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