Intervention de François Ruffin

Réunion du mercredi 3 octobre 2018 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Je suis très favorable à tout ce qui peut aider à la reconnaissance du handicap et à la sortie de la précarité, en vue de construire un statut aux « métiers du tendre », comme je les appelle, en l'occurrence, aux accompagnants d'enfants handicapés dans les écoles. Ce sont des sujets qu'il faut traiter avec tact : il y a derrière tout cela un océan de douleur.

Cela étant dit, après avoir entendu répéter à l'envi le mot « inclusion », permettez-moi de faire part d'un doute. Après avoir pratiqué l'exclusion pendant des décennies, faut-il maintenant passer à une religion de l'inclusion ? C'est en tout cas une interrogation que je soumets à l'Assemblée, car cela semble être devenu le nouveau mot d'ordre. Pour ma part, je connais un certain nombre de parents qui sont sceptiques là-dessus : ils voient que leur enfant a eu énormément de difficultés à l'école, et qu'on veut à toute force le faire entrer au collège, tout simplement parce qu'il n'y a pas de place dans les instituts médico-éducatifs (IME).

J'ai entendu le témoignage de ces parents : leur gamin a douze, treize ou quatorze ans et il reste en primaire, au milieu des petits, pendant que les frères et soeurs grimpent au collège. Les parents voient bien que leur enfant est mal : il mange ses crayons, il fait des grimaces : c'est dur de voir son fils malheureux comme ça. Et quelle solution propose l'éducation nationale ? De le faire entrer au collège ! Jusqu'alors, au vu des tests qu'on lui avait fait faire, il fallait lui trouver un niveau CP-CE1 ; et voilà que soudain, on veut le faire entrer au collège, au motif qu'on l'aurait un peu sous-estimé ! En fait, c'est tout simplement qu'il n'y a pas de place en IME.

Ces parents me le disent : « Leur grand mot, c'est l'inclusion. On nous dit qu'il ne faut pas mettre les enfants dans des établissements à part, mais les garder dans le système normal, etc. Pourquoi pas, en théorie ? Mais cela dépend des cas et des handicaps, ce n'est pas adapté pour tout le monde. Là, ils en font un noble principe moral général, mais c'est pour mieux masquer leur désir d'économie. »

J'alerte donc simplement : il faut continuer à investir aussi dans les instituts médico-éducatifs et dans un système parallèle. Dans la Somme, nous avons 850 places manquantes dans ce domaine.

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