Intervention de Stéphane Testé

Séance en hémicycle du mardi 9 octobre 2018 à 21h30
Lutte contre la manipulation de l'information — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Testé :

Le combat contre les fausses informations, contre la manipulation des informations, est devenu nécessaire eu égard aux nombreuses dérives que l'on a pu constater au cours des récentes campagnes électorales, notamment dans notre pays. Les technologies ont évolué ; il appartient donc à la représentation nationale d'agir. De nombreux pays européens l'ont déjà fait : ainsi au Royaume-Uni, où le Parlement a instauré une commission d'enquête, ou en Allemagne, où le Parlement a légiféré, ou encore en Italie, où les autorités ont créé une plateforme de signalement des fausses nouvelles.

La grande loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui évoquait déjà les fausses nouvelles, apparaît, à l'heure du numérique et de la multiplicité des modes de diffusion de l'information, comme inadaptée. Ce qui diffère aujourd'hui, c'est la dangerosité liée à la viralité de l'internet et des réseaux sociaux ; ce sont les mutations sans précédent des technologies numériques, en particulier l'essor des plateformes numériques, qui font que l'information circule à vitesse grand V.

Afin d'adapter notre législation à ce contexte d'information permanente, les deux textes que nous examinons aujourd'hui en nouvelle lecture visent plusieurs objectifs. Il s'agit, d'une part, de renforcer la régulation, ce qui est indispensable si l'on veut assurer le pluralisme et l'honnêteté des informations, notamment en période électorale, d'autre part, de développer l'éducation aux médias, via la formation d'un esprit critique à l'égard des informations diffusées sur l'internet.

Avant toute chose, je tiens à rassurer sur un point : loin d'être un outil de censure, le dispositif institué par ces propositions de loi tend à mieux protéger les libertés fondamentales, aux premiers rangs desquelles la liberté d'expression et la protection des sources des journalistes. C'est au contraire en laissant de fausses nouvelles se propager qu'on attaque la profession. En outre, plusieurs orateurs avant moi l'ont indiqué, des garde-fous ont été prévus.

Mes chers collègues, ce sont des textes efficaces que nous examinons ce soir. Ils sont efficaces, parce qu'ils ciblent, non pas la production des fausses informations, ce qui serait vain, mais leur propagation, ce qui est le nerf de la guerre. Ils sont efficaces, parce qu'ils ciblent, non pas les auteurs des contenus, qui sont très souvent anonymes, mais ceux qui les diffusent et qui en tirent profit, c'est-à-dire principalement les plateformes numériques, qui, à l'heure actuelle, ne jouent pas pleinement le jeu de la démocratie.

Je tiens aussi à saluer l'ajout par la commission des affaires culturelles et de l'éducation, dont je suis membre, de mesures visant à une meilleure éducation aux médias. Je remercie notre rapporteur, Bruno Studer, pour son travail sur le sujet. Nous sommes convaincus qu'en cette matière, plus qu'en aucune autre, l'éducation aux médias et à l'information est fondamentale. La lutte contre les fausses nouvelles passe par la pédagogie. Il est primordial de sensibiliser et d'éduquer les plus jeunes à la détection des fausses informations. Les jeunes générations sont les plus connectées aux réseaux sociaux, les plus actives, mais aussi les plus sensibles. Plusieurs études l'ont montré : les 15-34 ans ayant reçu des cours d'éducation aux médias et à l'information ont davantage tendance à vérifier les informations. C'est pourquoi l'instauration d'un enseignement au numérique dans les écoles est incontournable. Développer l'esprit critique des plus jeunes est le seul moyen de lutter durablement contre la diffusion des fausses nouvelles. Grâce à cette proposition de loi, l'éducation à l'information, à l'image et aux médias sera renforcée dans tous les programmes scolaires. Cette mesure s'accompagnera d'un doublement du budget dédié, comme l'a annoncé la ministre de la culture.

L'audiovisuel public a lui aussi joué le jeu, en lançant, le 6 juin dernier, sur le site de Franceinfo, une plateforme de décryptage des fausses informations, plateforme commune à l'ensemble du service public de l'audiovisuel. Il s'agit, à travers la présente proposition de loi, d'amplifier ce mouvement.

Le groupe La République en marche a introduit en première lecture de nouveaux articles dans le code de l'éducation, complétant ainsi les objectifs du ministère de la culture en la matière, en liaison avec le ministère de l'éducation nationale, en particulier avec le Centre pour l'éducation aux médias et à l'information du réseau Canopé.

Chers collègues, la formule « Adapter notre pays au monde de demain » n'aura jamais eu autant de sens qu'avec ces propositions de loi. Oui, les fausses informations sont une menace pour nos démocraties. Le groupe La République en marche soutiendra donc avec force ces dispositions.

1 commentaire :

Le 12/10/2018 à 18:25, Laïc1 a dit :

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" où les autorités ont créé une plateforme de signalement des fausses nouvelles."

Je croyais qu'il fallait les appeler des "fausses informations", pour ne pas recouper la loi de 1881 ?

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