Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 11 octobre 2018 à 22h00
Consolidation du modèle français du don du sang — Après l'article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

M. le rapporteur a évoqué plusieurs fois le rapport d'Olivier Véran de juillet 2013. Je voudrais à mon tour faire état d'une réalité inquiétante qu'il y relève : le modèle français de don et de distribution du sang est sérieusement écorné par le fait que 40 % des médicaments dérivés du sang achetés par les hôpitaux français sont composés de sang provenant de donneurs rémunérés, selon les estimations d'Olivier Véran, dans son rapport de juillet 2013.

Vous avez déclaré cet après-midi, monsieur le rapporteur, que le don rémunéré n'était pas forcément de moins bonne qualité que le don gratuit. Peut-être, mais j'émettrai tout de même quelques doutes au regard de ce qu'il se passe en Inde ou aux États-Unis. Surtout, la question est d'ordre d'éthique et nous devons réaffirmer notre modèle français. Or une telle entorse à nos principes est rendue possible par l'importation de médicaments dérivés du sang.

La proposition de loi tend à unifier les exigences de sécurité sanitaire auxquelles sont soumis les produits importés de l'étranger. Ce serait une bonne chose mais qu'en sera-t-il de nos principes si nous acceptons du sang issu de prélèvements rémunérés de l'étranger alors que nous interdisons cette pratique en France ?

D'autant que, toujours selon le rapport d'Olivier Véran, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé n'est pas, à ce jour, en mesure de contrôler l'origine bénévole des produits car « elle ne dispose pas de moyens de contrôle sur les pratiques en vigueur hors de France ». Il est grand temps que ces moyens soient mobilisés mais il nous semble impératif, pour la cohérence et la solidité de notre modèle, que les médicaments importés soient soumis aux mêmes exigences éthiques que les produits français.

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