Intervention de Gérald Darmanin

Séance en hémicycle du mardi 16 octobre 2018 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2019 — Après l'article 2

Gérald Darmanin, ministre :

Si nous avons de l'argent à consacrer à cela – je reviendrai sur ce point dans quelques instants – , il me paraît donc plus juste de supprimer les cotisations et de désocialiser les heures supplémentaires que de défiscaliser et désocialiser les heures supplémentaires sans supprimer les cotisations. J'essaie d'être cohérent, madame Louwagie, sachant que nous avons une double contrainte – M. de Courson a raison de poser le problème de cette façon : d'une part, dans la mesure où l'argent public est rare, il faut l'utiliser au mieux pour être le plus efficace possible lorsque nous redonnons du pouvoir d'achat à nos concitoyens ; d'autre part, il faut déterminer ce qui est le plus juste en la matière.

Ce sont les deux points, auxquels s'ajoute un sujet économique, sur lequel je m'oppose à M. Woerth et à M. de Courson : quand le chômage est à 8 %, on ne peut pas parler de chômage frictionnel.

Le problème, ce sont les gens qui arrivent au SMIC. Il faut leur délivrer un message qui les incite à de passer du non-travail au travail.

C'est tout le sens de la politique du Gouvernement : allégement des charges patronales sur le SMIC, notamment par le biais du CICE, et suppression des cotisations autour du SMIC afin que le travail paie plus.

À cet égard, nos avis divergent. Or nous devons choisir une interprétation économique.

Sans doute serai-je d'accord avec vous quand le chômage sera tombé à 7 %, à 6 %, voire à 5 %. Nous pourrons alors rouvrir le débat pour savoir si l'on peut parler de chômage frictionnel, mais quand le taux de chômage atteint 8 %, je ne crois pas que ce soit le cas.

Madame Louwagie, je ne suis pas opposé à la défiscalisation des heures supplémentaires. Mais, quitte à prévoir des moyens, il est beaucoup plus efficace de les employer, comme le propose le Président de la République, à la désocialisation des heures supplémentaires et du salaire, que de se cantonner, comme vous le souhaitez, à la défiscalisation ou à la désocialisation des heures supplémentaires.

Nous ne sommes pas dans un combat idéologique. Il serait idiot de nous situer sur ce terrain. La mesure que nous proposons est plus favorable aux salariés, quoi qu'il arrive. C'est par là que je terminerai, car je ne souhaite pas allonger inutilement nos débats.

Quant à mon passé de porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, j'en suis fier, puisque celui-ci était favorable tant à la défiscalisation qu'à la désocialisation des heures supplémentaires, et qu'il condamnait toute augmentation de la TVA. À cet égard, je suis en cohérence avec le camp que j'ai choisi désormais, mais sans doute en reparlerons-nous.

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