Intervention de Anne Genetet

Séance en hémicycle du jeudi 18 octobre 2018 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2019 — Après l'article 8

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne Genetet :

Je voudrais confirmer certains points : oui, les plantations de palmiers à huile ont eu un effet considérable, un effet désastreux, sur des forêts primaires et sur la biodiversité. Mais la destruction d'une forêt primaire est absolument irrémédiable. L'enjeu, aujourd'hui, est de savoir comment avoir assez de poids pour agir sur les pays où la déforestation se poursuit.

Il faut savoir qu'aujourd'hui, les palmiers à huile ne sont pas responsables de la déforestation de forêts primaires : celles-ci sont d'abord dégradées par l'exploitation de bois précieux et l'extraction minière. Ce n'est qu'une fois qu'elles ont été dégradées que l'on y installe des plantations de palmiers à huile.

Je présenterai jeudi prochain, dans le cadre de l'OPECST – l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques – une note scientifique sur l'huile de palme et ses enjeux. J'espère qu'elle permettra de faire retomber l'émotion que provoque cette question, et d'en revenir à la raison.

Pour avoir du poids sur le plan environnemental, pour créer enfin une filière d'huile de palme durable qui prenne en compte les intérêts de tous et pas uniquement ceux de certains industriels, alors il faut être dans le moteur. Si l'on n'est pas dans le moteur, on ne peut pas agir. Ne prenons donc pas le risque de nous faire éjecter de ces filières : nous n'aurions plus aucun poids.

Dans certains pays, par exemple, il importe de maîtriser le cadastre pour lutter contre la corruption et mieux contrôler la progression des exploitations. Pour cela, on peut utiliser la technologie des blockchains, ce que ces pays n'ont pas forcément les moyens de faire ; or nous avons, en France, des start-up capables de cela. Il faut donc rester présents dans le processus pour aller vers ces pays et les pousser à être plus respectueux de l'environnement.

Si nous sortons du processus, si nous montrons ces pays du doigt, comme disait Raphaël Gérard, alors ils nous mettront dehors et d'autres pays prendront notre place d'autant plus facilement que nous sommes de tout petits consommateurs. Ils le feront sans aucun scrupule ! Soyons prudents, restons maîtres du processus : c'est ainsi que nous garderons notre influence.

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