Intervention de Virginie Duby-Muller

Séance en hémicycle du lundi 3 juillet 2017 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVirginie Duby-Muller :

car supprimer une partie des élus revient à augmenter la taille des circonscriptions, et induit donc le risque d'un éloignement par rapport à son député. Ce serait surtout le cas dans les territoires sous-peuplés et cela signerait la fin de cette relation de confiance et de proximité avec nos administrés, que nous connaissons tous. Nous ne pouvons pas laisser une partie des Français sur le bord du chemin.

Enfin, prenons garde à la tentation démagogique de limiter le nombre de mandats dans le temps. En tant que jeune élue, je comprends et je soutiens le renouvellement des pratiques politiques, mais tout ce qui contribue à censurer l'électeur dans son choix est antidémocratique. Le propre de la démocratie est de laisser le plus de liberté possible à chaque citoyen pour choisir son représentant. Je fais du reste pleinement confiance à nos électeurs pour ne pas réélire un de leurs représentants qui se serait montré décevant. À l'épreuve de la pratique parlementaire, les sirènes du renouveau ont ainsi leurs limites. L'hémicycle doit être représentatif, avec des élus expérimentés qui transmettent leurs compétences aux nouveaux arrivants. Aucun élu ne saurait en effet être réduit à un rôle d'automate dans une chambre d'enregistrement.

Nous avons des propositions fortes et demandons à être entendus. Pour que la nation ait un sens, il faut qu'elle soit incarnée, représentée dans toute sa diversité.

Monsieur le Premier ministre, l'abstention a été la grande gagnante des dernières élections : près d'un citoyen sur deux n'est pas allé voter en juin dernier. Nous devons tirer toutes les conséquences de ce refus. Beaucoup est à reconstruire et nous devons agir vite ; notre pays a trop souffert d'immobilisme. Dans cette course sans repos où le progrès entraîne les grandes nations, le courage des réformes nous a fait cruellement défaut, ces dernières années.

Le nombre de chômeurs n'a cessé d'augmenter et 2 millions de jeunes sont sans formation et exclus de l'emploi. Nos classes moyennes ont subi des hausses d'impôt massives. Nos entreprises croulent sous les contraintes. Le budget voté par la majorité socialiste pour 2017 a été jugé insincère par la Cours des comptes. L'insécurité a augmenté sur notre territoire et plusieurs attentats terroristes ont endeuillé notre pays. Cette année, 100 000 jeunes ont quitté l'école sans diplôme. Notre système social est en crise et nous n'appréhendons pas correctement le vieillissement de la population. Nos collectivités territoriales sont asphyxiées et notre ruralité est en grande souffrance. Comment promettre à nos concitoyens des lendemains qui chantent sans entreprendre les réformes indispensables que les Français attendent de longue date ?

Avec Les Républicains, nous serons au rendez-vous pour des réformes d'ampleur, que nous appelons de nos voeux depuis cinq ans.

Nous serons au rendez-vous, comme nous l'avons toujours été, pour lutter avec force contre le terrorisme et garantir la sécurité de nos concitoyens.

Nous serons également au rendez-vous pour une réforme économique majeure qui libérera nos entreprises afin de lutter efficacement contre le chômage.

Nous nous mobiliserons pour restaurer la méritocratie et l'excellence françaises en améliorant notre système éducatif.

Nous serons présents pour lutter contre la fracture territoriale, notamment pour garantir l'égalité des soins en France.

Nous serons au rendez-vous pour rebâtir nos pratiques politiques car la confiance de la nation est notre valeur démocratique la plus précieuse.

Nous serons également au rendez-vous pour développer le numérique, nouveau gage de transparence afin d'inclure davantage nos concitoyens dans la vie publique.

Nous sommes aussi mobilisés pour la réussite de l'Accord de Paris, garant de l'avenir de notre planète.

Enfin, nous serons au rendez-vous pour donner une nouvelle impulsion à l'Union européenne.

Ainsi, l'adjectif « constructif », très à la mode, n'est pas l'apanage de certains députés. Il nous concerne tous constamment. Ayant été élus comme représentants de la nation, comment pourrions-nous ne pas être constructifs ? Alors oui, nous serons au rendez-vous de la réforme de l'État, pour redonner à notre République sa force d'action.

Nous refusons cependant, comme nous vous l'avons dit, de vous donner un blanc-seing. Nous saurons nous mobiliser, dans nos assemblées respectives, pour dénoncer et combattre des réformes pénalisantes pour les Français, comme la hausse massive et injuste de la CSG.

Dans la situation actuelle, rien ne serait pire que d'échouer par manque d'ambition, d'audace et, finalement, de responsabilité ; fidèles à l'esprit gaulliste, nous nous y refuserons.

Monsieur le président du Congrès, monsieur le président du Sénat, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, mes chers collègues, le modèle républicain reste notre socle, notre référence commune. La République, c'est la promotion sociale fondée sur le mérite et le talent ; elle fait de chacun d'entre nous le compagnon de l'autre. Avec Les Républicains, nous faisons depuis des années un choix démocratique majeur : celui de la responsabilité.

Je souhaite conclure en rendant hommage à Simone Veil, cette grande européenne issue de notre famille politique, qui a tant oeuvré pour les droits des femmes. Puisse sa parole, tirée d'Une Vie, son autobiographie, continuer de nous habiter : « Venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des hommes. »

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