Intervention de Alain Bruneel

Séance en hémicycle du mardi 23 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bruneel :

… il faut s'attendre à une augmentation moyenne des tarifs des complémentaires de 6,8 % d'ici à trois ans et de 9,4 % pour les seuls retraités. Il ne s'agit pas du « 100 % santé », même si c'est ainsi que vous vous plaisez à présenter cet accès aux soins pour les personnes les plus vulnérables. Nuance et réalisme ! Il s'agit d'une prise en charge biaisée, excluant plus de 4 millions de personnes qui n'ont aucune complémentaire, et limitée à certains soins de santé.

Nous sommes bien loin d'une véritable prise en charge à 100 % qui concernerait tous nos concitoyens pour l'ensemble des soins de santé.

La communication positive est aussi de mise quand il s'agit de prôner sans cesse l'augmentation du pouvoir d'achat. Ce budget démontre une tout autre vision. Les pensions de retraite, les APL et les allocations familiales sont quasiment gelées. Vous réalisez une économie de 2,8 milliards sur le dos des pensions de retraite qui ne seront revalorisées que de 0,3 %, toujours bien en-deçà de l'inflation, fixée à 1,3 %.

Vous avez déjà fait les poches des retraités l'an dernier avec la hausse de la CSG, mais vous restez sourds aux mobilisations. Madame la ministre, votre PLFSS 2019 est une nouvelle punition pour des milliers de Français. Il ne pouvait en être autrement puisque ce nouveau PLFSS n'est en partie qu'une triste déclinaison du plan santé.

De partout sur le territoire français, des signaux d'alerte vous ont été envoyés, avec le recensement de plus de 1 700 points de lutte hospitalière en 2017. Je ne citerai que certaines d'entre elles : la maternité du Blanc – quand on nous avait promis qu'aucun hôpital de proximité ne fermerait ses portes – , Nice, Saint-Brieuc, Amiens, Lille, Le Havre, Toulouse, Bastia, sans parler des départements et territoires d'outre-mer qui sont encore un peu plus oubliés...

Partout en France, des maires rendent leur écharpe, des soignants se mettent en grève de la faim, des médecins démissionnent. La colère est profonde, mais elle n'est pas écoutée, elle n'est pas prise en compte. Pire, cette colère est méprisée. En même temps, c'était malheureusement prévisible dès lors que le Président de la République avait déclaré que le système de soins souffrait non d'un problème de sous-financement, mais d'un problème d'organisation.

Quand nous lisons vos propositions, quand nous lisons ce budget, quand nous vous écoutons le défendre, ce n'est pas de l'humain que vous parlez, mais de chiffres. Tout n'est que valeur financière, pourcentages incessants. Les établissements de santé doivent entrer dans les bonnes cases, jouer les bons élèves sous peine de voir leur financement dévalué et, par la même occasion, leur image se dégrader.

Mais, je tiens à vous le rappeler, la santé n'est pas un business. La santé n'est pas un commerce. La santé n'a pas vocation à être rentable. L'accès aux soins est un droit pour tous. La santé ne s'achète pas, elle n'a pas de prix, ni pour les soignants ni pour les personnes soignées.

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