Intervention de Meyer Habib

Séance en hémicycle du vendredi 26 octobre 2018 à 9h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Article 19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

Madame la ministre, mes chers collègues, je suis un récidiviste, un multirécidiviste : cette année encore, je suis contraint de prendre la parole pour dénoncer le scandale que représentent les prélèvements CSG et CRDS sur les revenus du patrimoine des non-résidents. Ces prélèvements sont injustes, absurdes, contre-productifs et contraires au droit de l'Union européenne. C'est une simple question de bon sens et de cohérence fiscale : en effet, comment 90 % des 3 millions de Français établis hors de France peuvent-ils être taxés pour financer un système de protection sociale dont ils ne bénéficient pas ? On est en train de faire payer le gaz à des gens qui se chauffent à l'électricité ! Je peux vous assurer que sur le terrain, ça gronde : nos compatriotes – des familles, souvent des retraités – ne comprennent pas cette injustice.

« J'ai entrevu un nouveau monde et cela suffit », écrivait Alfred de Musset à George Sand dans sa magnifique correspondance. C'est vrai, ce nouveau monde, les Français de l'étranger l'ont attendu, l'ont espéré : je vous rappelle qu'ils ont été 93 % à voter pour Emmanuel Macron, pour le monde nouveau incarné par le Président de la République. Quelle déception ! L'an passé, votre Gouvernement a utilisé les mêmes rustines que vos prédécesseurs socialistes. J'étais seul, bien seul, à porter la voix des Français de l'étranger. Sur les bancs de la majorité, absents ou gênés, les dix nouveaux députés étaient silencieux, tétanisés. Madame Genetet, vous n'avez pas voté mes amendements ! Puis vous avez rédigé un rapport, commandé par Matignon, et je suis heureux d'y avoir retrouvé – parfois au mot près – certaines formules que je ressasse depuis six ans. Mieux vaut tard que jamais, je n'en tire aucune gloire. Enfin, le 16 octobre, Gérald Darmanin s'est engagé ici, dans l'hémicycle, à prendre des mesures en faveur des non-résidents au sein de l'Union européenne et en Suisse. Mais, mesdames et messieurs les députés, qu'en sera-t-il des autres, qui sont 1,8 million ? Pourquoi ces deux poids et deux mesures ? C'est peut-être même encore plus insupportable. Maintenant, il s'agit de passer aux actes et d'aller au bout de la logique pour en finir avec cette injustice fiscale et cette aberration économique qui fait que plus un seul Français n'a envie d'investir un euro dans son propre pays ! C'est la triste réalité d'aujourd'hui ; c'est elle qui me pousse à présenter, dans quelques minutes, un amendement en ce sens, que je vous remercie de voter.

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