Intervention de Michel Larive

Réunion du mercredi 24 octobre 2018 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Je m'exprime au nom du groupe La France insoumise. Le budget de la mission « Culture » diminue de 50 millions d'euros. Une fois de plus, la culture et la variable d'ajustement du budget. Exemple significatif, le Gouvernement prévoit de limiter drastiquement les exigences pour l'archéologie préventive. On est déjà passé de 10,5 % des chantiers à 8,6 % en 2017, et l'objectif du Gouvernement est de limiter le recours à des diagnostics entre 6 % et 8 % : ce sont des milliers de sites archéologiques qui sont voués à disparaître au seul bénéfice de la rapidité des chantiers et de la profitabilité des entrepreneurs. Ce qui se passe pour l'archéologie est un des symptômes du cancer libéral dont souffre la culture dans ce budget. Bâtir plus vite, au détriment du patrimoine architectural, consommer plus pour se cultiver moins.

La culture comme le patrimoine valent mieux que d'être la cinquième roue du carrosse dans l'imbroglio de politiques libérales. Quels objectifs politiques le Gouvernement poursuit-il en réduisant le budget de la culture ? Quelles aspirations populaires cherche-t-il à combler ? Chers collègues, un seul d'entre nous a-t-il été élu en promettant moins de musées, moins de spectacles, moins de culture française ? L'action publique culturelle est délaissée pour la seule raison qu'elle n'est pas rentable. Elle n'a d'ailleurs pas vocation à l'être, et ne s'inscrit pas dans les exigences du marché. Le résultat d'une telle politique, c'est que la satisfaction des visiteurs dans les musées a diminué depuis 2016. Bien que conscient de ce constat, le Gouvernement n'hésite pas à poursuivre dans le déni et à rogner les budgets. Une mesure qui, selon vous, devrait bouleverser la tendance, redonner confiance en nos artistes et rendre accessible la culture à tous, le Pass Culture, n'est qu'une gabegie d'argent public, un élément de communication, rien de plus.

Si nous voulons vraiment démocratiser l'accès à la culture, alors instaurons la gratuité pour toutes et tous, le dimanche. La mesure permettrait d'ouvrir les portes des musées à des millions de nos concitoyens, d'attirer vers ces établissements un public éloigné de l'offre culturelle. Elle coûterait 80 millions d'euros, c'est-à-dire deux fois le budget d'expérimentation du Pass Culture ! Si vous trouvez la mesure trop ambitieuse, on peut ouvrir un dimanche sur deux. Nous pourrions faire tant de choses, encore faut-il en avoir l'ambition. La gratuité, ou du moins la mise en place de tarifs avantageux ont un rôle primordial à jouer dans la démocratisation de la culture. Il faut penser plus grand et voir plus loin. C'est pourquoi, à l'occasion de la prochaine niche parlementaire en février, le groupe de la France insoumise présentera une proposition de loi pour assurer un véritable statut social aux artistes et créer un fonds d'aide à la création artistique afin de lui rendre des marges de manoeuvre. Pour penser plus globalement la question de la culture, la création et la diffusion de la culture, il nous faut des idées neuves, il faut oser renverser les tabous, il faut que l'État reprenne le rôle qui lui revient dans la politique culturelle de la nation.

Il faut aussi assurer un revenu digne et une protection sociale convenable aux artistes. Pour ce faire, nous instaurerons une taxe sur les droits d'auteur des ayants droit, quinze ans après la mort de l'artiste ; au bout de soixante-dix ans, la taxe disparaîtra et les droits tomberont dans le domaine public. Nous nous inscrivons ainsi dans la vision qu'avait Victor Hugo du droit d'auteur afin d'instaurer une solidarité intergénérationnelle entre les artistes et développer de façon ingénieuse la culture contemporaine. Les objectifs du Gouvernement sont trop timides. Raboter les budgets comme vous le faites est contre-productif. La République mérite une véritable politique culturelle qui démocratise la culture et assure aux artistes les moyens de leur création.

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