Intervention de Elsa Faucillon

Réunion du mercredi 24 octobre 2018 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Je m'exprime au nom du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. Après avoir lu le bleu budgétaire et en écoutant vos propos, monsieur le ministre, je ressens des sentiments contrastés et surtout beaucoup, beaucoup d'inquiétude.

Sentiments contrastés d'abord, car au vu des orientations budgétaires du Gouvernement, on peut légitimement penser que le budget de la mission « Culture » ne s'en sort pas si mal. On peut même être soulagé quand on le compare aux coupes claires que subira l'audiovisuel public. Mais avec un peu de recul, ce budget manque de souffle. Tout juste se contente-t-il de surfer sur la vague mourante de l'augmentation du budget de la culture pour l'exercice 2017. Mais l'élan est épuisé, le budget stagne, il diminue même : 160 postes sont supprimés au ministère, énième contribution à la chasse aux fonctionnaires. Pis encore, à lire les lignes budgétaires, on perçoit des disparités grandissantes entre le programme et les actions, sans comprendre la cohérence globale. L'ombre du rapport du comité « Action Publique 2022 » assombrit encore un peu plus le tableau.

L'éducation artistique et culturelle au sein du programme, « Transmission des savoirs et démocratisation de la culture » s'avère être la mieux dotée dans ce budget. Il est vrai que le Gouvernement l'affiche comme sa priorité. C'est louable, mais le Pass Culture, mesure phare du quinquennat en matière culturelle, cristallise les oppositions. À titre personnel, je n'ai pas d'a priori sur le dispositif, mais des inquiétudes sur le possible dévoiement qu'on a mentionné. Tout ce qui permet aux jeunes adultes de notre pays d'avoir les moyens financiers d'accéder aux oeuvres, dans leur diversité, est une bonne chose. Or l'obstacle financier – il n'est pas le seul – est réel. Cependant ce dispositif ne fonctionnera que si l'offre culturelle est suffisante, ce qui nécessite aussi médiation et accompagnement. Recevoir 500 euros, alors que l'on vit dans une « zone blanche » culturelle, ne servira pas à grand-chose. La montée en charge de l'éducation artistique et culturelle ne peut donc se faire au détriment de la création : les deux doivent progresser ensemble. Or ce budget est déséquilibré et il manque de souffle, d'ambition pour la création culturelle.

J'aborde plus rapidement un autre point. Depuis le début du mandat, Marie-George Buffet et moi-même sommes régulièrement interpellées sur la situation préoccupante des archives nationales et départementales. Au problème de recrutement dans la filière, aux difficultés d'articulation au sein des archives départementales entre conseils départementaux, services déconcentrés et ministère, s'ajoutent aujourd'hui des coupes budgétaires drastiques : moins 6,5 millions pour les archives, c'est une baisse de plus de 17 % des crédits. Dans le même temps, le ministère chiffre l'effort budgétaire demandé aux collectivités territoriales pour construire ou rénover les archives départementales à 700 millions d'euros d'ici 2022 mais il n'y consacre cette année que quatre millions d'euros. Un tel choix budgétaire est incompréhensible alors que les archives sont constitutives de notre patrimoine, de la mémoire d'un pays et que leurs millions de documents irriguent des milliers de recherche chaque année.

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