Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du mardi 30 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Monsieur le président, madame la ministre des solidarités et de la santé, monsieur le ministre de l'action et des comptes publics, chers et chères collègues, « c'est un beau roman, c'est une belle histoire, c'est une romance d'aujourd'hui » que vous nous racontez, mais il n'y a que vous pour y croire. Vous nous dites que c'est « sans doute un jour de chance », « alors pourquoi penser au lendemain », mais c'est bien la fonction de la sécurité sociale que de penser à nos lendemains, de les préparer, de les accompagner.

Le budget que vous nous présentez est celui d'un nouveau tour de vis. « Nous avons donné un quart de tour de moins », nous dites-vous, comme si cela pouvait suffire à nous consoler. En 2019, la sécurité sociale devra réaliser 5,7 milliards d'euros d'économies, dont 3,8 milliards sur les seules dépenses d'assurance maladie. Au total, vous avez programmé 15 milliards d'économies dans la sphère sociale tout au long du quinquennat, pour répondre à des injonctions insensées et démesurées comme seuls les marchés financiers peuvent en inventer.

Selon nous, vous prenez les choses à l'envers : vous commencez par assécher les ressources de la sécurité sociale en rétrocédant aveuglément des sommes d'argent considérables aux entreprises, ou plus exactement aux employeurs. À ce jeu-là, les grands gagnants sont ceux qui en ont le moins besoin : les plus gros. Cette année, c'est la fête au village : avec un crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi – CICE – multiplié par deux, c'est la super cagnotte ! Les effets sur l'emploi seront epsilonesques et bien cher payés. « Y en a un peu plus, je vous le mets aussi ? » Mais bien sûr – avec de nouveaux allégements de cotisations patronales sur les bas salaires, que vous encouragez donc tout en expliquant que vous agissez pour le pouvoir d'achat... sans vouloir augmenter les salaires. « Ça fera 22 milliards d'euros, ma petite dame, mon petit monsieur ! »

Au passage, vous incitez à recourir aux heures supplémentaires, réponse en trompe-l'oeil – vous le savez – , assortie d'effets collatéraux qui auraient dû vous dissuader. Enfin, vous annoncez la fin du principe de compensation intégrale des exonérations de cotisations par l'État, préparant ainsi, en plus de l'assèchement des ressources, un dispositif de siphonnage.

Une fois que vous avez fait tout cela, vous nous expliquez que vous n'avez pas beaucoup d'argent, et qu'il faut donc tailler dans les dépenses, à commencer par celles de l'hôpital, lequel est en train d'imploser dans tous les territoires, malgré l'engagement d'un personnel qui n'en finit plus de tirer la sonnette d'alarme. Je veux dire ici notre solidarité avec celles et ceux qui sont mobilisés à la maternité du Blanc.

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