Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du mercredi 31 octobre 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Élection de m. jair bolsonaro à la présidence du brésil

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, dimanche soir dernier, Jair Bolsonaro a été élu président du Brésil À compter du 1er janvier prochain, un néofasciste va donc présider aux destinées de la sixième puissance mondiale et de ses 210 millions d'habitants. « Cette tragédie électorale nous oblige », selon les termes d'un communiqué de presse de La République en marche, termes que l'on aurait aimé retrouver dans la réaction de notre président de la République. Mais il est vrai que la France est le quatrième investisseur au Brésil : il ne faudrait pas froisser notre allié, de peur de fragiliser nos intérêts économiques, comme c'est par ailleurs le cas en Arabie Saoudite, ou en Syrie.

Il n'est pas question ici de remettre en cause le choix démocratique des électeurs brésiliens, ni de s'ingérer dans les affaires d'une nation souveraine. Pour autant, nous avons une pensée pour les femmes, pour les noirs, pour les personnes LGBT, pour les autochtones, et pour toutes les minorités qui vivront désormais dans l'angoisse des menaces proférées par leur nouveau président.

Passée une phase émotionnelle, il faudra nous interroger. Nous interroger d'abord sur l'implication des multinationales dans le financement de la campagne du candidat de l'extrême droite. Il faudra nous interroger ensuite sur les conséquences géopolitiques de l'arrivée au pouvoir d'un nostalgique de la dictature militaire, alors que les droites extrêmes tentent de renverser des gouvernements en Bolivie, au Salvador et au Nicaragua.

Nous devrons nous interroger enfin sur l'avenir de l'accord de Paris, envers lequel Jair Bolsonaro ne cache pas son désamour. Nous sommes d'autant plus inquiets qu'il projette également de supprimer le ministère de l'environnement, d'alléger la réglementation relative aux études d'impact environnemental, et de mailler la forêt amazonienne de grands barrages, de mines géantes et d'exploitations agricoles qui menacent l'intégrité du poumon de la planète.

Chers collègues, cette élection n'est pas une simple question de politique intérieure brésilienne. Elle nous concerne tous, car notre destinée commune est en jeu. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous rassurer quant à la volonté et à la capacité du Gouvernement à assumer ses responsabilités en termes de maintien d'un dialogue constructif sur la scène internationale, notamment en matière de lutte contre les causes anthropiques du réchauffement climatique ?

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