Intervention de Pierre Person

Séance en hémicycle du mercredi 31 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Person, rapporteur spécial de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

À l'heure où les populistes défient notre démocratie, nous ne pouvons plus nous y résigner. Notre arme la plus précieuse, c'est la culture. Nous savons tous, sur ces bancs, ce qu'elle est à l'émancipation et à la lutte contre l'obscurantisme. L'accès à la culture, en France, est un droit. Ne pas s'atteler à ce qu'il soit effectif pour tous serait renoncer à l'une de nos valeurs fondamentales : l'égalité. Et sans égalité, notre pacte républicain ne tiendra plus.

C'est pourquoi, conformément à l'engagement du Président de la République, la culture figure encore cette année comme une priorité du Gouvernement. En 2019, dans un contexte de réduction du déficit public, ce ne sont pas moins de 3 milliards qui seront investis par l'État dans la mission « Culture ». Au total, avec le concours des collectivités locales, ce sont plus de 10 milliards qui seront consacrés à la culture l'année prochaine. Un budget qui sera, une fois de plus, le deuxième d'Europe. Soyons-en fiers.

Au-delà de la préservation des crédits des programmes 131 et 224, ce budget réaffirme l'ambition de remettre la culture au coeur du pacte républicain. Il s'agit, à cette fin, de relever trois grands défis.

Le premier est la lutte contre les inégalités à la racine. Parce que les grandes inégalités se créent dès l'enfance, nous devons veiller à ce que chaque individu puisse se construire un bagage culturel tout au long de son éducation. Notre objectif est clair : avant 2020, 100 % des enfants auront accès à l'éducation artistique et culturelle. C'est le sens du plan « À l'école des arts et de la culture » qui permettra à chaque enfant de bénéficier d'un parcours culturel de trois à dix-huit ans, notamment grâce à l'implantation d'une chorale dans toutes les écoles élémentaires d'ici à la rentrée 2019.

Le Pass culture est l'aboutissement de ce parcours éducatif. Il mettra en lumière une offre diversifiée, qu'elle soit événementielle ou éducative. Notre ambition est que chaque Français puisse découvrir les nuances de l'offre culturelle, tester ses goûts et s'essayer à de nouvelles pratiques artistiques.

Parce que les inégalités sont également territoriales, nous devons renforcer la proximité entre les oeuvres et les usagers. C'est l'objectif du plan « Culture près de chez vous » financé à hauteur de 6,5 millions d'euros, qui repose sur trois piliers : la circulation des artistes, la circulation des oeuvres et l'implantation des Micro-Folies.

Le deuxième défi consiste à décliner l'action de l'État dans les territoires en s'adaptant aux spécificités locales. Pour cela, nous faisons le choix de la confiance dans les territoires, avec une hausse de 30 millions d'euros des crédits déconcentrés en 2019. Il reviendra désormais aux acteurs locaux, notamment aux collectivités territoriales et aux DRAC, piliers de l'accompagnement des artistes, d'apporter leur expertise et de faire des choix pertinents dans la répartition des crédits alloués par l'État. C'est le sens de la fongibilité des enveloppes budgétaires des programmes 131 et 224, expérimentée en Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne. Cette logique de subsidiarité aidera l'État à repenser l'évaluation des politiques publiques en termes de résultats et non de chiffres. Ainsi, les différentes expérimentations en cours devront être évaluées afin d'envisager une potentielle généralisation sur l'ensemble du territoire.

Le troisième défi que nous devons relever revient à favoriser l'émergence de talents en libérant les énergies. Je souhaite aborder ici un problème auquel sont régulièrement confrontés nos artistes : celui de l'entrée dans la vie active. À ce jour, un étudiant d'une école d'art apprend à être un artiste et non à être un entrepreneur. Or si nous voulons que, d'ici à 2020, 84 % des diplômés soient employés dans leur domaine de formation, nous devrons mieux accompagner nos jeunes artistes tout au long de leur projet. Nous devrons également assouplir les dispositifs d'aides existants et nous devrons enfin soutenir les nouveaux intermédiaires de la culture : associations professionnelles, incubateurs et pépinières qui, souvent avec peu de moyens, se démènent afin d'accompagner les jeunes artistes.

En somme, chers collègues, ce budget, c'est celui de la lutte contre les inégalités, celui de la confiance dans nos acteurs locaux, celui de l'émancipation de nos artistes. Pour toutes ces raisons, je vous invite à le voter afin de favoriser l'accès effectif à la culture.

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