Intervention de Céline Calvez

Séance en hémicycle du mercredi 31 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCéline Calvez, rapporteure pour avis de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

La commission des affaires culturelles et de l'éducation a adopté, sans modification, les crédits des missions « Avances à l'audiovisuel public » et « Médias, livre et industries culturelles » du projet de loi de finances pour 2019.

Pour commencer, je me félicite que ce budget soit globalement préservé. Marie-Ange Magne, rapporteure spéciale de la commission des finances sur ces deux missions, en a donné les grands équilibres. Quant à vous, monsieur le ministre, vous avez souligné votre attachement à la liberté et au pluralisme de la presse et avez dessiné les perspectives de leur transformation, notamment avec la réforme de la loi Bichet.

Mon intervention portera plus particulièrement sur les crédits relatifs aux industries culturelles et au compte de concours financiers « Avances à l'audiovisuel public ».

Je profite de la tribune qui m'est donnée pour m'interroger sur le sort réservé aux crédits d'impôt qui contribuent depuis des années au dynamisme de l'industrie culturelle : je pense notamment au crédit d'impôt en faveur de la production phonographique, qui améliore réellement le dynamisme de la filière et la visibilité de la création francophone. Vous nous avez rassurés sur ce point en commission, monsieur le ministre : lorsque nous y reviendrons dans quelques jours, à l'occasion de l'examen des articles non rattachés du projet de loi de finances, j'espère que vous donnerez un avis favorable à sa prolongation.

Je m'interroge aussi sur le maintien du crédit d'impôt cinéma international. Il est en effet indispensable, à l'heure actuelle, de favoriser les effets spéciaux. Ce crédit d'impôt n'est pas seulement favorable à la création : il a des retombées bénéfiques pour l'emploi de nos techniciens et pour l'activité économique – que ce soit dans la location de matériel, dans la location de plateaux ou dans l'hôtellerie et la restauration, à Paris comme en région. J'espère que vous serez aussi attentif que nous à prolonger ces effets positifs.

Pour en revenir aux crédits de la mission et du compte de concours financiers, comme cela a déjà été dit, les conséquences de l'effort demandé à l'audiovisuel public devront être observées de près non seulement par les autorités de tutelle mais aussi par le Parlement. Les économies demandées à l'audiovisuel public d'ici à 2022 sont importantes, mais non irréalistes. Certes, la transformation est nécessaire pour reconquérir la confiance d'un public élargi, mais nous entendons également les craintes d'un secteur, celui de la création audiovisuelle et cinématographique.

Les auteurs, bien sûr, s'inquiètent de la baisse du chiffre d'affaires des groupes, sur lequel sont assises leurs rémunérations en gestion collective. De leur côté, les producteurs s'inquiètent du niveau des investissements que France Télévisions et Arte pourront consentir à l'avenir.

Maintenir ces investissements est évidemment dans l'intérêt le plus strict de ces diffuseurs, car la création est devenue le nerf de la guerre de tous les canaux de contenu. Le Gouvernement s'est engagé à les sanctuariser à leur niveau actuel, soit 560 millions d'euros pour ces deux entreprises. Vous vous êtes montré rassurant en commission, monsieur le ministre, en évoquant la possibilité d'un suivi, afin de veiller à l'effectivité de cette sanctuarisation annoncée par le Gouvernement. Elle doit reposer sur des éléments tangibles, au-delà de la légitime confiance que nous devons placer dans ces sociétés.

J'en viens au thème auquel j'ai consacré la seconde partie, thématique, de mon rapport pour avis : le soutien à la création et à l'exportation des séries de fiction françaises. Comme vous le savez tous, les séries ont le vent en poupe : de nombreux acteurs économiques en ont fait une véritable arme de conquête des marchés internationaux. En France aussi, les séries, notamment françaises, réunissent des audiences parmi les plus importantes.

Toutefois, à quelques succès commerciaux près, nous peinons encore à exporter nos productions. Après le travail que j'ai réalisé sur ce thème, j'ai acquis la conviction que nous n'investissons pas suffisamment dans l'écriture, la recherche et l'innovation pour industrialiser nos process – afin de répondre aux canons de ce format particulier, en effet, il faut délivrer bien et vite – tout en favorisant notre originalité et nos valeurs. Nous pensons encore à trop petite échelle, et les budgets de nos séries ne leur permettent pas de rivaliser avec les séries étrangères. Les diffuseurs, quant à eux, pensent encore trop souvent à servir leur marché domestique, sans se projeter à l'international – ce qui est du reste logique, car compte tenu de la réglementation, ils ne retirent que des bénéfices très marginaux des exploitations secondaires des oeuvres qu'ils ont financées.

C'est parce que je crois au talent de nos auteurs et producteurs et à l'audace de certains diffuseurs que j'estime certains ajustements nécessaires. La dynamique lancée par le « plan séries » qui a été annoncé doit être poursuivie : il s'agit pour cela de cibler les séries créatives, originales et susceptibles de s'exporter. Je tiens à réaffirmer l'ambition de ce plan.

De plus en plus, les créations s'entremêlent, deviennent interactives : les frontières entre le cinéma, les séries, les jeux vidéo sont de plus en plus perméables. Dans ce contexte, il me paraît essentiel de ne pas nous enfermer dans un seul couloir de nage, mais de prendre possession du grand bain de la création.

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