Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du vendredi 2 novembre 2018 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2019 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Le budget 2019 des armées, premier à s'inscrire dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025, suit le cap fixé. Il est rare, dans notre pays, qu'une loi d'orientation ou de programmation soit effectivement appliquée ; je tiens à le souligner et à m'en féliciter.

Nous sommes donc satisfaits par la progression des crédits de la mission « Défense », qui n'intervient, il faut le dire, qu'après de troublantes hésitations lors de l'installation de la nouvelle majorité et la démission – sans précédent dans l'histoire – du chef d'état-major des armées. Mais tout cela, je l'espère, est du passé : à tout péché miséricorde !

Il est heureux, enfin, qu'on semble décidé à ne plus envisager la vie de nos militaires et les problèmes relatifs à la défense de notre pays uniquement sous un angle comptable.

Qu'il me soit permis, au nom de mes collègues du groupe Libertés et territoires, de rendre hommage à nos armées, à celles et ceux qui servent notre pays en toute connaissance de cause. Nous devons en permanence exprimer notre gratitude à nos militaires et leur dire combien, en toutes circonstances, nous sommes à leurs côtés, dans un contexte de montée des nationalismes nous faisant penser aux heures sombres de l'entre-deux-guerres.

La mission « Défense » enregistre une nouvelle hausse de crédits, de 5 % par rapport à l'année dernière, ce qui les porte 1,7 milliard d'euros. C'est bien, madame la ministre, surtout dans le contexte des difficultés budgétaires de notre pays. Mais ne nous leurrons pas : la pente sera longue à remonter.

Cette progression est d'autant plus nécessaire qu'elle intervient après une vingtaine d'années de baisse continue des crédits militaires dans notre pays et que le financement de la loi de programmation militaire se base sur les crédits budgétaires disponibles. C'est pourquoi nous devons être prudents dans nos critiques. En cette période de trouble, marquée par des besoins d'engagement croissant, cette hausse des crédits représente un signal favorable.

Gardons aussi à l'esprit une autre priorité : notre autonomie stratégique. Il n'est pas facile de la maintenir. En effet, pour diminuer le coût de la fabrication de nos armes, nous devons les exporter, mais, pour ne pas aggraver l'instabilité du monde, nous ne devons pas vendre à n'importe qui, notamment à des pays qui exportent la violence. Arabie saoudite, quand tu nous tiens…

Le Gouvernement, par ce budget, fait donc plus particulièrement porter l'effort sur le renouvellement des matériels, qui bénéficieront de 636 millions d'euros supplémentaires, les équipements d'accompagnement et de protection des soldats, la maintenance des matériels, à laquelle 4,2 milliards d'euros doivent être consacrés, la dissuasion nucléaire, avec plus de 5 milliards d'euros, le renseignement, la cyberdéfense, ainsi que la recherche et l'innovation, dotées de 758 millions d'euros.

Je salue le fait que cet accompagnement passe aussi par une vision plus humaine, et, qu'il s'agisse de la vie de nos soldats au quotidien ou du plan famille, notre groupe se félicite de ces actions, aussi prépondérantes que celles menées pour l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes et que la lutte contre les discriminations. Notre armée, à travers les actions qu'elle promeut, sert de modèle à l'ensemble de notre société.

Néanmoins, malgré l'effort conséquent consenti pour alimenter ce budget, des doutes subsistent, notamment à la suite du surcoût des opérations extérieures. Nous en avons déjà parlé à de nombreuses reprises. Certes, on essaie chaque fois de combler le retard par rapport aux prévisions, mais, comme il y a de plus en plus d'opérations extérieures, il reste toujours important.

Reste, madame la ministre, l'exécution de ce budget… Ce ne sont pas aux vieux singes que l'on apprend à faire la grimace : pouvez-vous nous assurer que les dépenses d'investissement seront réellement exécutées, que Bercy ne va pas demander d'en reporter une partie l'année prochaine, nous expliquant qu'elles ne seront pas engagées ? On a suffisamment vu faire cela dans le passé pour ne pas se poser la question.

J'en viens à la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation ». Nous en sommes satisfaits. Vous avez su, madame la ministre, répondre à des questions posées depuis particulièrement longtemps. Croyez qu'en tant qu'élu de la Meuse, l'un des territoires qui finit de célébrer le centenaire de la Première Guerre mondiale, je suis particulièrement sensible à l'accent mis dans ce budget sur le devoir de mémoire.

Néanmoins, des interrogations persistent : la carte du combattant va être attribuée à 40 000 personnes de plus, mais, vu l'état des directions de l'ONAC dans nos départements, sera-t-il possible de le faire rapidement ? Nous nous interrogeons aussi sur l'absence d'augmentation de la retraite du combattant et d'indemnisation des pupilles de la nation.

Pour conclure, nous sommes plutôt satisfaits que l'ensemble des crédits que nous examinons ce matin privilégie sans détour les priorités qui sont les nôtres dans un monde où les menaces ne cessent de se développer. Luttons inlassablement contre les potentiels – voire probables – conflits futurs ainsi que contre leurs ferments : les replis identitaires, les nationalismes, l'extrême pauvreté des pays du Sud sur fond de catastrophe climatique certaine et la nouvelle course aux armements, de plus en plus folle.

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