Intervention de Fabien Gouttefarde

Séance en hémicycle du vendredi 2 novembre 2018 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2019 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Gouttefarde :

« Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. [... ] Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l'odeur est pestilentielle. Tout manque : l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer. [... ] Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tôle d'acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissés exténués et désespérés. [… ] Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme [... ] boucherie. » Lettre d'Eugène à sa femme, 1917. N'oublions pas !

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, monsieur le président de la commission, mesdames et messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, quelques jours avant la commémoration de l'armistice de la Grande Guerre, qui sera le point d'orgue d'un grand cycle de commémorations de plus de quatre ans, nous examinons les crédits de la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation » et de la mission « Défense », dans le cadre du projet de loi de finances pour 2019, missions pour lesquelles j'ai l'honneur d'être le porte-parole de mon groupe, La République en marche. Et cet honneur m'obligeait avant tout à faire mien le devoir de mémoire car nous, majorité présidentielle, n'oublions pas ceux qui nous ont protégés et défendus.

Avec 2,3 milliards d'euros de crédits, le budget dédié aux anciens combattants, à la mémoire et aux liens avec la nation marque la volonté du Gouvernement de consolider les mesures de reconnaissance et de réparation tout en rendant beaucoup plus équitables les dispositifs financés. Je veux immédiatement saluer le financement de l'octroi de la carte du combattant à près de 35 000 militaires stationnés en Algérie entre le 2 juillet 1962 et le 1er juillet 1964, résultat du travail de concertation dense qu'a mené la secrétaire d'État, Mme Geneviève Darrieussecq, avec tous les acteurs, en particulier les représentants des anciens combattants, dont je salue la présence ici. En avril dernier, lors du vote de notre motion de renvoi en commission de la proposition de loi de notre collègue Gilles Lurton, nous avions appelé à adopter cette mesure de reconnaissance légitime en l'intégrant dans un futur projet de loi de finances. Nous le faisons dès maintenant : nous tenons nos engagements, mais avec la rigueur de la sincérité budgétaire qui nous anime.

En ce qui concerne les crédits de la mission « Défense », avec une hausse de 5 %, soit 1,7 milliard d'euros, le projet de loi de finances pour 2019 poursuit la mise en oeuvre de la politique courageuse et volontariste du Président de la République consistant à réparer nos armées. Les crédits de cette mission permettent également de commencer à concrétiser les objectifs fixés dans la loi de programmation militaire, engageant résolument nos armées vers la réalisation d'Ambition 2030, articulée autour d'un modèle d'armée complet, autonome et soutenable.

Dans un environnement globalisé de contestation croissante du multilatéralisme, de prolifération des armements et de retour de la compétition militaire, le budget du ministère pour 2019, dont les crédits s'élèvent au total à 1,82 % du produit intérieur brut, donne à nos armées les moyens de leur remontée en puissance. Il permet l'autonomie stratégique de la France, dont d'aucuns, dans l'opposition, déploraient l'absence lors de l'exercice précédent. En témoignent par exemple l'augmentation de 6 % des crédits dédiés aux études amont et de 13 % de ceux dédiés au renforcement des moyens de la DGSE et de la direction du renseignement et de la sécurité de la défense. En outre, il met fin aux défaillances passées par le renouvellement des équipements et par l'amélioration des conditions de travail et de vie des militaires ; la LPM à hauteur d'homme aura dès sa première année des conséquences sur la vie de nos soldats. Je veux enfin insister sur l'effort financier exigeant, à hauteur de 57 millions d'euros, dédié à la poursuite de l'ambitieux plan famille.

Ce projet de loi de finances tranche avec les exercices passés, les dépenses étant intégralement financées sur les crédits budgétaires. Et, je le dis au rapporteur spécial Cornut-Gentille, il n'y a aucune raison pour que cela change dans les années à venir. Si le devoir de mémoire nous oblige à l'égard de toutes les générations du feu, un devoir de bonne gestion nous oblige à l'égard des générations futures. Le groupe La République en marche votera donc avec enthousiasme les crédits destinés à ces missions.

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