Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du vendredi 2 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Mission anciens combattants mémoire et liens avec la nation (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

Mme la secrétaire d'État a déjà évoqué cet amendement d'appel, ou plutôt d'alerte. Il concerne la condition des personnels civils de recrutement local – les PCRL. Cette expression quelque peu obscure désigne les femmes et les hommes qui ont servi et servent les armées françaises engagées à l'étranger. Alors qu'ils n'ont pas la nationalité française, ils choisissent tout de même de servir notre pays. En agissant ainsi, ils mettent en danger leur propre personne et leurs proches. Ils exposent leur vie comme le font nos soldats. Nous serons tous d'accord pour reconnaître que leur courage et leurs efforts nous obligent. Dès lors qu'ils l'ont servie, leur protection et leur avenir sont l'affaire de la France.

Pourtant, le cas des interprètes afghans qui ont aidé nos armées témoigne que, jusqu'à présent, l'État n'a pas été à la hauteur. Des dizaines d'entre eux n'ont pas bénéficié de la protection fonctionnelle qui devrait concerner tous les agents de l'État. Leur vie est pourtant menacée. La mort de Qader Daudzai, lors du récent attentat à Kaboul, en apporte la preuve tragique. Fuyant la menace, plusieurs d'entre eux ont préféré s'exiler et ont demandé à la France de leur accorder l'asile. La plupart d'entre eux n'ont obtenu ni visa, ni droit d'asile, quand ils n'ont pas été « dublinés ». Aujourd'hui, certains vivent dans la rue, dans une précarité extrême. Cette situation insupportable est indigne de notre pays. Je citerai le cas particulièrement absurde d'une personne qui vient d'être reconnue ancien combattant par le préfet même qui l'avait « dublinée ».

Une procédure de réexamen humanitaire des demandes est en cours, mais les anciens PCRL afghans n'en sont pas tous été informés. Les démarches auprès de l'ambassade à Kaboul sont extrêmement difficiles. Je salue d'ailleurs le courage des bénévoles qui les assistent.

Après des années d'atermoiements dramatiques, le problème doit être résolu. Il faut surtout que la leçon soit retenue. Nous sommes engagés dans la bande sahélo-saharienne et nous employons de très nombreux PCRL. Nous ne connaissons même pas précisément leur nombre. D'aucuns nous informent que les contrats des PCRL ont été modifiés afin de délier la France de ses obligations envers eux. Ce serait une honte ! J'espère que vous démentirez cette information. Quoi qu'il en soit, je crains qu'en l'état nous ne courions droit au désastre si nous ne prenons pas dès maintenant les décisions nécessaires pour remplir notre devoir envers les PCRL.

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