Intervention de Marc Fesneau

Séance en hémicycle du lundi 3 juillet 2017 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Fesneau :

Monsieur le président du Congrès, monsieur le président du Sénat, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, chers collègues, c'est un jour solennel que celui où le Président de la République, ayant convoqué le Congrès à Versailles, s'adresse à l'ensemble des parlementaires et, à travers eux, au peuple français. La gravité du lieu et du moment doit nous inciter à prendre la mesure de ce qui nous réunit.

Le Président de la République a choisi de s'exprimer devant l'ensemble des hommes et des femmes que les Français, par l'exercice de leur droit de citoyen, ont voulu investir des pouvoirs qui sont ceux de la nation tout entière, dans le seul but de répondre aux défis se posant à notre pays. Il a souhaité présenter devant le Parlement les grandes lignes de son action, en définir le sens et en fixer le cap. La solennité de l'instant nous impose donc à tous, députés et sénateurs, un devoir de responsabilité.

Responsabilité du fait du rôle qui est désormais la nôtre face aux Français, lesquels attendent de leurs représentants et de leurs gouvernants qu'ils répondent de manière déterminée et efficace aux problèmes de notre temps. Nous savons combien ils sont nombreux et combien ils sont lourds, tant la situation n'a cessé de se dégrader aux cours des dernières décennies, nourrissant la colère d'une grande part de notre peuple, las d'attendre des résultats.

Responsabilité surtout quant aux comptes que nous aurons collectivement à rendre de notre action, à la fin de notre mandat. Ne doutons pas que les Français sauront nous rappeler à nos devoirs et à nos engagements. Ils seront aussi implacables avec nous, si nous devions faillir, qu'ils auront été enthousiastes à souhaiter un profond changement pour le pays.

Les campagnes qui s'achèvent ont laissé un goût amer à tous ceux qui chérissent l'action politique. La campagne présidentielle, tout d'abord, a vu accéder au deuxième tour, pour la deuxième fois, un candidat issu des extrêmes. Lors de la campagne des législatives, ensuite, les citoyens se sont largement détournés de ce scrutin pourtant si crucial. Disons-le simplement : la reconquête des coeurs et de l'attention des Français ne se fera que par l'obtention de résultats nets et durables garantissant l'avenir de notre pays, et par le rétablissement de la confiance entre les représentants du peuple que nous sommes et les citoyens.

Cette responsabilité historique, le groupe MODEM, depuis longtemps investi sur le sujet, entend l'assumer pleinement au sein de la majorité que vous conduisez, monsieur le Premier ministre, et aux côtés du Président de la République. La majorité que nous formons veut être au service des Français. Nous nous reconnaissons parfaitement dans le cap proposé par le chef de l'État depuis le début de son mandat et exprimé ce jour devant le Congrès.

Je le dis et je l'assume au nom de mon groupe : notre responsabilité de parlementaires est de permettre au Gouvernement de mettre en oeuvre le plus tôt possible les propositions du candidat Emmanuel Macron, que les Français ont placé en tête du premier tour de l'élection présidentielle, avant de l'élire. Notre volonté est donc simplement d'agir et d'agir vite pour que les Français, après avoir choisi par deux fois, en conscience et en toute liberté, les réformes proposées par la majorité, puissent voir se réaliser les changements qu'ils attendent depuis si longtemps.

La ligne sur laquelle nous nous engageons est une ligne de crête car jamais, sans doute, dans notre histoire récente, la défiance n'a été aussi grande vis-à-vis du monde politique. Nous sommes tous les porte-voix du peuple français. Nous devons nous souvenir que, si nous avons tous une terre d'élection, nous assumons individuellement une part de la souveraineté de tout un peuple, de ses espoirs, que nous soyons de la majorité ou de l'opposition.

Depuis longtemps, nous avons identifié ce mal qui ronge notre démocratie, détachant peu à peu les citoyens de leurs élus. L'action résolue des élus du Mouvement démocrate en faveur d'un rapprochement entre les citoyens et leurs institutions témoigne de notre volonté de rendre notre démocratie plus représentative et plus ouverte.

La loi rétablissant la confiance dans l'action publique va ainsi dans le sens d'un renforcement de nos institutions, d'une amélioration de l'efficacité de notre fonctionnement et d'une meilleure réponse aux exigences du temps. Le non-cumul des mandats, y compris dans la durée, l'impératif d'exemplarité des élus, l'encadrement renforcé de nos activités : tout cela doit permettre de ramener la confiance chez nos concitoyens. Il s'agit de la condition même de la légitimité de la parole et de l'action politiques, sans laquelle aucune réforme durable ne sera possible.

L'abstention, toujours plus forte à chaque élection, rend d'autant plus nécessaire une telle réforme, et les autres réformes institutionnelles annoncées aujourd'hui par le Président de la République, garant de nos institutions, y concourront. Ainsi, la question d'une juste représentation de toutes les forces politiques dans nos assemblées, de la proportionnelle pour garantir aux Français leur plus juste et plus équitable représentation, est posée. C'est une question centrale pour notre vie et notre respiration démocratiques.

Monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, vous le savez, notre peuple ne se retrouve et ne se réunit jamais mieux qu'autour d'idéaux, qu'autour d'un grand dessein, d'une vision. Les Français connaissent toute la profondeur des temps et de l'histoire ; ils savent la portée de notre message universel qui, depuis toujours, fait de lui un peuple soucieux des autres. Quand ses représentants ne sont pas à la hauteur de cette histoire, c'est toute la France qui se perd et son message qui s'affaiblit. Quand, au contraire, ils le sont, et en premier lieu le chef de l'État, l'unité et le rayonnement redeviennent possibles.

Le Président de la République s'inscrit pleinement et de plain-pied dans cette volonté de restaurer notre pays dans ce qu'il a de si spécifique dans son fonctionnement et, en même temps, de si universel. En à peine deux mois, la réaffirmation des positions traditionnelles de la France est perceptible. Que ce soit récemment, au G7, sur les enjeux économiques mondiaux, ou concernant l'enjeu capital du climat, ou bien encore celui de la sécurité, la voix de la France est devenue plus audible. En Europe aussi, nous nous réjouissons de voir la France renouer avec l'idéal et le projet originel européens, y compris dans le lien indéfectible que nous avons avec l'Allemagne. Le Président de la République a su nouer ce dialogue nouveau avec les Français, avec la France et avec nos partenaires internationaux.

Tout reste à faire, bien entendu, mais, nous le sentons partout sur nos territoires, plus que jamais, la France semble prête à bouger, à changer, à tenter. Elle attend désormais que nous soyons au rendez-vous de l'espérance qui s'est levée au printemps. Elle attend que, par nos actes, notre capacité de dialogue et notre écoute, nous réformions. Elle attend et espère peut-être surtout de retrouver la confiance en ceux qui la gouvernent et en elle-même. Cet élan, chers collègues, il nous faut le soutenir hardiment, avec lucidité, avec exigence, avec toute la force du profond renouvellement qui s'est opéré ces derniers mois et avec cette volonté que beaucoup d'entre nous, sur ces bancs, incarnons.

Monsieur le Premier ministre, ce n'est pas se payer de mots que de considérer votre action comme porteuse d'une nouvelle ambition pour la France. La voix de la France est attendue et écoutée, et nous nous réjouissons qu'elle soit celle de la tolérance, du dialogue, de l'ouverture, de l'idéal de liberté, de ces valeurs européennes et humanistes qui nous sont chères. Votre action pourra s'appuyer sur les parlementaires de la majorité présidentielle et du groupe au nom duquel je m'exprime.

« L'esprit de conquête », selon les mots mêmes du Président de la République, parle à l'imaginaire de notre pays et fonde notre destin commun. C'est d'un tel souffle dont notre pays a besoin. L'élection d'Emmanuel Macron, la constitution d'une majorité claire autour de vous, monsieur le Premier ministre, suscitent espoirs et attentes. À nous désormais d'être au rendez-vous fixé avec le peuple français, dont le Président de la République est venu parler cet après-midi devant le Congrès : la confrontation au réel pour mieux servir notre idéal ; des institutions modernisées, lisibles, permettant le débat et la vie démocratique ; enfin, un pays fier et sûr de lui-même, qui parle au reste du monde.

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