Intervention de Jacques Maire

Réunion du mercredi 24 octobre 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Maire :

Cette période est charnière, 2018 était une année d'atterrissage et de continuité, nous venions d'arriver. L'année 2019 nous permettra d'observer si nous sommes sur le chemin de remplir nos ambitions et nos promesses qui ont été maintes fois réitérées par le président de la République dans différents cénacles. Le budget d'aujourd'hui est un budget de rupture, d'abord quantitatif qui met naturellement fin à la dégradation que nous avons connue pendant deux décennies. C'est aussi une rupture dans l'approche puisque nous nous détournons de la priorité absolue donnée aux prêts en direction des pays « Bankables » et sur les secteurs les plus rentables qui structurent notre politique de développement. Ce budget annonce un redressement : « Il s'agit de redonner à notre politique de développement une ambition nouvelle » comme l'a rappelé le président de la République, et donner une véritable politique d'investissement solidaire. Évidemment, ce redressement débute avec des autorisations d'engagement. Je tempérerais les propos de Jean-Paul Lecoq, la réalité est telle que nous n'arrivons pas, dans bien des cas à dépenser, notamment dans les zones les plus demandeuses, car la capacité d'absorption y compris de nos propres services est insuffisante. Beaucoup de nos crédits ne sont pas engagés. Une accélération très rapide du décaissement serait une catastrophe pour la suite. L'échelle des projets des ONG n'y est pas adaptée. Les projets des ONG font quelques dizaines ou quelques centaines de millions d'euros en mettant à part l'humanitaire. Ce ne sont pas cent projets à 100 000 euros qui sont faciles à décaisser. Nous sommes encore loin des 0,55 % de PNB mais nous inversons la tendance. Je ne reviendrai pas sur l'accroissement de l'aide bilatérale avec les deux tiers des affectations. Il y a deux points d'attention sur lesquels nous devons porter nos efforts. Le premier est une définition de l'aide. Ce que disait Jean-Paul Lecoq était important mais, nous ne pouvons pas échapper au continuum sécurité développement. Bien entendu, il est hors de question de faire financer les Opérations Extérieures par le budget de l'APD. En revanche la sécurité intérieure, un État fonctionnel, un service public opérant et un espace public contrôlé sont des éléments indispensables. Aujourd'hui, ces éléments ne sont pas financés. La création d'instruments de financement spécifiques à la défense est très dangereuse car cela encourage la création de restrictions de type « Secret Défense » qui générera de la corruption. L'aide budgétaire permet de le faire, mais la sécurité intérieure est essentielle bien qu'elle ne soit pas financée. Le dernier point important que je souhaite évoquer est la nécessité d'aller au bout du rapport Berville qui est un élément fondamental de notre ligne de conduite pour les années à venir. Les propositions formulées sont les conditions du succès de cette démarche budgétaire. Je citerai en particulier la création d'une conférence de pilotage permanente en remplacement du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID), la présentation d'une loi d'orientation et de programmation, la mise en place d'une commission indépendante d'évaluation et la structuration d'une filière sur le développement. Tout cela va dans la bonne direction, je pense qu'il est important de donner une impulsion à cette politique. C'est pour cette raison que nous allons voter de façon enthousiaste du côté de la LREM pour ce financement.

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