Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mercredi 24 octobre 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Tous les thèmes soulevés sont importants. L'idée d'un ministère, ce n'est pas pour avoir un ministre de plus. C'est pour prendre l'objet dans sa totalité. Il y a par exemple un sujet que l'on n'a pas abordé. Pour ceux qui sont allé visiter des villes africaines où des multinationales françaises étaient présentes – comme Total à Pointe-Noire – Total aime à présenter les résultats de ses financements privés pour l'hôpital de la ville, l'assainissement de la ville, la santé… Ils peuvent se le permettre, et pourraient faire beaucoup plus. Cependant, tout cela nous ne le voyons pas. Il n'y a pas de visibilité. Les notions de retour de la richesse des multinationales vers le peuple – à qui appartient cette richesse d'ailleurs – devraient pouvoir s'évaluer et être surveillées ; un ministère pourrait faire aussi cela. Ce ne serait pas qu'un ministère de la dépense de l'aide publique au développement, mais également un moyen de regarder le dispositif dans sa globalité et évaluer sa durabilité. Je pense aux mères dans certains pays d'Afrique, qui m'expliquent qu'elles sont prêtes à « sacrifier » un ou deux de leurs huit enfants pour l'avenir de la famille en les envoyant vers la Méditerranée. Quand on en arrive à des logiques pareilles, on se dit qu'un regard global sur le dispositif est nécessaire. Ensuite, il ne faut pas opposer les aides multilatérales et bilatérales. L'aide multilatérale est essentielle, même vitale. Ne nous comportons pas comme les Américains. Toutes les instances internationales sont importantes, leurs actions sont essentielles et leurs budgets doivent être renforcés. Il faut en même temps développer l'aide bilatérale. Autour de nos territoires d'Outre-Mer, notamment à Mayotte, il me parait essentiel d'avoir un ministère qui oeuvre avec les pays périphériques pour faire en sorte qu'il n'y ait plus cette nécessité absolue d'émigrer pour survivre. Concernant le fléchage de l'aide, je ne pense pas que l'on doive exiger un retour sur investissement ; nous devons donner à ces pays car la France a une dette envers eux, qu'elle doit assumer. Il ne faut surtout pas revenir à un système de conditionnalités absurde, basé sur des critères occidentaux, comme le faisait le Club de Paris. Par exemple, il ne faut surtout pas conditionner l'aide à une réduction du service public, car c'est ce dernier qui peut mettre en place les politiques nécessaires. Il faut faire très attention aux conséquences de ces conditions.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.