Intervention de Moetai Brotherson

Séance en hémicycle du mercredi 7 novembre 2018 à 16h00
Questions au gouvernement — Concession de l'aéroport de faa'a en polynésie française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMoetai Brotherson :

Monsieur le Premier ministre, le statut de la Polynésie française répartit les compétences respectives entre l'État et la collectivité. Ainsi, développement économique et tourisme sont normalement dévolus à la collectivité de Polynésie.

Dans cette région, au barycentre du grand Pacifique, le contrôle des infrastructures de liaison internationales portuaires et aéroportuaires est essentiel au bon exercice des deux compétences que je viens de citer. Le port de Papeete, qui assure l'essentiel de nos échanges de marchandises, est géré par la collectivité, au travers d'un établissement public à caractère industriel et commercial.

De 1966 à 2010, l'aéroport de Faa'a a été géré par une société d'économie mixte locale, la Société d'équipement de Tahiti et des îles – SETIL – , dont les comptes d'exploitation ont été constamment bénéficiaires et dont la maîtrise a été reconnue en 2008 par une certification de l'aéroport de Tahiti-Faa'a, valide jusqu'en 2013.

Pourtant, en 2010, l'État a décidé unilatéralement de retirer à la collectivité et à la SETIL la gestion de l'aéroport et de l'attribuer pour trente ans, sans appel d'offres à une filiale du groupe EGIS. Il faudra le recours de la commune de Faa'a pour qu'en mars 2017, la cour administrative d'appel de Paris annule cette concession et contraigne l'État à en renouveler l'octroi, cette fois avec appel d'offres, ce que l'État fera durant le mois de février 2018.

Or, à ce moment, la Polynésie française entre en pleine période d'élections territoriales. La plupart des acteurs locaux intéressés – gouvernement, commune de Faa'a, chambre de commerce et d'industrie – étaient donc, littéralement, au four et au moulin.

De plus, l'avis de concession du 23 février 2018 renvoie au site des marchés publics, qui indique que l'accès aux documents du marché est restreint. Ces éléments laissent à penser qu'une fois de plus, l'État cherche sciemment à écarter les acteurs locaux du processus, afin de favoriser des acteurs hexagonaux.

En Nouvelle-Calédonie, la chambre de commerce et d'industrie gère l'aéroport ; en Guyane, également.

Ma question est simple : monsieur le Premier ministre, pouvez-vous rassurer les acteurs locaux, dont la chambre de commerce, qui fête cette année ses 138 ans d'existence, et leur confirmer qu'ils peuvent, s'ils le veulent, participer à cet appel d'offres sans craindre, comme en 2010, une intervention biaisée de l'État ?

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