Intervention de Antoine Herth

Séance en hémicycle du mercredi 7 novembre 2018 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Économie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques :

Madame la présidente, madame la secrétaire d'État, chers collègues, le commerce extérieur est un secteur stratégique pour l'économie française, qu'il s'agisse des recettes, des emplois ou de l'activité. Pourtant, le solde des échanges de biens et services s'est encore dégradé en 2017, plongeant à près de moins 40 milliards d'euros d'après certaines sources – M. Nicolas Forissier évoquait un déficit supérieur à 60 milliards.

Dans ce contexte, je souligne la diminution des crédits alloués au commerce extérieur. Les crédits de l'opérateur Business France, bras armé de l'État pour le commerce extérieur, baissent de 2,7 % par rapport à 2018. Pour compenser cette réduction, Business France continue de développer une politique du service payant, ce qui peut rebuter certaines petites entreprises mais donne aux bénéficiaires de ses services le droit d'exiger une certaine qualité du service rendu, je me dois de le faire observer.

Cependant, la question principale n'est pas tant celle du montant du budget que celle de la manière dont il est utilisé. Il serait en effet erroné d'établir un lien de causalité entre le niveau du budget et l'équilibre de la balance commerciale, celui-ci résultant d'une multitude de facteurs. Aussi j'ai souhaité m'interroger sur la réforme engagée par le Gouvernement afin de redonner de la lisibilité au soutien à l'export. Elle repose sur la constitution d'une équipe de France de l'export, dite « Team France export », qui regrouperait l'ensemble des opérateurs d'accompagnement à l'export des entreprises.

Cette « Team France Export » mettra en place un guichet unique en région. Des équipes communes réuniront des collaborateurs des CCI et de Business France, et le secteur privé y sera également associé. Pour être complet, il convient d'ajouter que c'est aux régions qu'est confiée la mission de définir les priorités de la stratégie à l'export et de veiller à la mise en oeuvre du guichet unique.

Pour ce qui est de la phase opérationnelle, je persiste à regretter, comme certains de mes collègues, la baisse massive des moyens des CCI, pourtant utiles pour accompagner les PME-TPE qui s'orientent vers l'export.

Cependant, dans leur ensemble, les réformes engagées me semblent aller dans la bonne direction et répondre aux demandes et aux besoins des entreprises. Je souhaite toutefois qu'une évaluation soit réalisée dans un an, y compris concernant le portail numérique.

Ce qui doit faire la force de la France à l'export, c'est l'existence de stratégies de filière. Dans le prolongement des états généraux de l'alimentation, j'ai choisi de me pencher sur la filière spécifique de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Ces produits représentent un poids considérable dans la balance commerciale : ils constituent la troisième source d'excédent commercial de la France. Mais, là encore, les positions françaises sont soumises à rude concurrence et notre excédent agricole a atteint un niveau historiquement bas en 2017.

Les raisons sont multiples : le nombre d'entreprises exportatrices est beaucoup plus faible que dans d'autres États, en particulier en Allemagne – 25 % contre 80 % outre-Rhin – ; la filière est fragilisée par une très grande hétérogénéité ; enfin, nous souffrons d'un déficit de compétitivité prix, qui s'explique par des normes sanitaires plus strictes, un coût du travail plus élevé et une fiscalité trop lourde.

C'est pourquoi il est primordial de redéfinir une stratégie à l'export par filière, chacune disposant d'atouts indéniables dans la concurrence internationale. Il incombe aux interprofessions de porter ce changement de stratégie, à partir d'un discours commun autour de l'export qui ne soit pas uniquement protectionniste mais également conquérant, en saisissant tous les relais de croissance.

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