Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 9 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Cohésion des territoires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Il y a quelques semaines, lors d'un déplacement en Martinique, le Président de la République affirmait que « l'état des connaissances scientifiques [… ] ne permet pas de certifier » la dangerosité du chlordécone pour la santé humaine. Pourtant, tout le monde sait depuis longtemps que le chlordécone est un poison pour la population, la faune et la flore – à tel point que les États-Unis l'ont interdit dès 1976 en raison de sa dangerosité.

Pourtant, cette molécule cancérigène, considérée comme un perturbateur endocrinien, neurotoxique et nocive du point de vue spermatologique, a été utilisée en métropole jusqu'en 1990, et dans les Antilles jusqu'en 1993, au nom de l'intérêt économique des producteurs de bananes !

Résultat de cette politique : le chlordécone continuera d'empoisonner pendant des dizaines d'années, sinon des siècles, les territoires et les populations d'outre-mer, lesquelles sont contaminées à 95 %. Les sols sont pollués pour 700 ans. La production agricole est empoisonnée. La biodiversité s'effondre.

Les Antilles détiennent le triste record du taux de cancer de la prostate le plus élevé au monde. Il s'agit d'un scandale d'État, dont souffrent depuis quarante ans la Guadeloupe et la Martinique.

Le groupe La France insoumise a déposé une proposition de résolution à ce sujet. Il faut lever la chape de plomb occultant ce scandale, assurer l'indemnisation des victimes et prendre enfin les mesures nécessaires en vue de décontaminer les Antilles du chlordécone.

Qu'apprend-on au contraire à la lecture de votre budget, monsieur le ministre ? Que vous baissez les crédits alloués aux plans environnementaux, notamment ceux du troisième plan d'action contre le chlordécone. Ils devraient au contraire être augmentés, conformément à la promesse d'Emmanuel Macron !

Votre conscience environnementale – comme sur le glyphosate – consiste à prendre la défense d'un modèle agricole qui épuise la terre et empoisonne les hommes. Nous n'en pouvons plus de votre archaïsme irresponsable, que ce budget incarne !

Quand comprendrez-vous que votre modèle servant les intérêts des lobbies est fini ? Quand assumerez-vous qu'il mène à l'effondrement de la biodiversité et à l'empoisonnement des populations ? Allez-vous enfin consacrer les moyens nécessaires à un véritable plan d'action contre le chlordécone, à la hauteur du scandale sanitaire et écologique, que subissent dans leur chair les citoyens des Antilles ?

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