Intervention de Julien Denormandie

Séance en hémicycle du vendredi 9 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Mission cohésion des territoires (état b)

Julien Denormandie, ministre chargé de la ville et du logement :

J'ai examiné avec attention les dix amendements et je comprends le message que vous souhaitez adresser à travers eux.

J'assume totalement le rapport Borloo. J'ai énormément travaillé avec Jean-Louis Borloo dans le cadre de ce rapport, et je continue à échanger régulièrement avec lui. Le 22 juillet, si je ne me trompe pas, j'ai rendu publique la feuille de route du ministère de la ville. Celle-ci reprend, avec une grande conviction, un très grand nombre de recommandations de Jean-Louis Borloo. J'ai fait miens nombre de sujets qu'il défendait. Certaines propositions de son rapport, qu'il s'agisse d'insalubrité ou de mixité sociale, figuraient déjà dans la loi ELAN.

La politique de la ville que je mets en oeuvre repose sur une conviction – c'est le principal message qui ressortait du rapport de Jean-Louis Borloo mais aussi des travaux avec le Conseil national des villes ou des centaines de réunions organisées sur tout le territoire : s'il faut continuer à investir dans la pierre et les infrastructures, il faut énormément investir dans l'humain tout au long de la chaîne : l'école dès le plus jeune âge, le doublement des classes, les stages de troisième, la formation, la lutte contre les discriminations – domaine dans lequel j'ai lancé une initiative avec les entreprises baptisée PAQTE et décidé de pratiquer le name and shame.

Des pans entiers de la politique destinée aux quartiers prioritaires ne sont pas inscrits dans le budget de la politique de la ville – et c'est heureux, car ce serait de la folie. Ainsi, la police de sécurité du quotidien dépend du budget du ministère de l'intérieur ; nos actions en matière de formation relèvent du budget de Muriel Pénicaud ; ce que nous faisons dans le domaine de l'éducation résulte du budget de Jean-Michel Blanquer, et ainsi de suite.

En revanche, dans le projet de budget que je vous présente, certains points me tenaient particulièrement à coeur et je savais que, si je ne les inscrivais pas dans mon budget, ils ne seraient pas traités. Je pense par exemple au renforcement des adultes-relais qui représentent un soutien pour les associations de petite taille qui ont trop souvent été délaissées ; à l'augmentation des moyens en faveur des nouveaux projets du parcours éducatif, notamment les cités éducatives que Jean-Michel Blanquer et moi avons lancées à Nîmes en début de semaine, et des programmes de réussite éducative – 20 millions d'euros sont prévus à cet effet – ; aux ATSEM – agent territorial spécialisé des écoles maternelles – car il faut mettre le paquet sur l'accompagnement des plus jeunes. Toutes ces mesures sont financées par les 80 millions d'euros supplémentaires prévus dans ce PLF, qui s'ajoutent aux 185 millions d'euros en autorisations d'engagement pour la politique de l'ANRU.

Vous affirmez que le Gouvernement ne peut pas y arriver seul. Je suis entièrement d'accord. La politique de la ville, c'est d'abord une vision sur laquelle nous devons nous entendre : il s'agit de faire en sorte que la République soit la même pour toutes et tous dans ce qu'elle exige et dans les opportunités qu'elle offre de maîtriser son destin. Nous savons parfaitement que ce n'est pas le cas dans certains territoires. La politique de la ville, c'est ce combat, ce projet politique.

Ensuite, la politique de la ville demande des décisions fortes – remettre l'humain, la réussite humaine au coeur de nos quartiers. C'est ce que nous faisons au travers des mesures que j'ai annoncées le 22 juillet dernier.

Enfin, cette politique doit être mise en oeuvre et nous ne réussirons que si les trois composantes du triptyque agissent et avancent de concert : l'État, les élus locaux – vous avez mille fois raison – et le tissu associatif, les deux derniers accomplissant un travail essentiel – nous augmentons de 15 millions d'euros le financement du tissu associatif. Nous devons conforter et, dans certains cas, recréer cette dynamique.

Alors, oui, tout n'est pas facile, j'en conviens – j'ai suivi les intenses débats d'hier soir. Il y a parfois des incompréhensions ou des oppositions, mais je suis convaincu – c'est ainsi que je conçois la politique de mon ministère et son budget, et c'est ainsi que j'entends les mettre en oeuvre – que l'État ne peut pas agir seul sur le terrain. Il ne réussira que s'il peut compter sur le plein accord et les synergies avec les élus locaux et les associations. Je vous rejoins entièrement sur ce point.

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