Intervention de Elsa Faucillon

Réunion du mardi 6 novembre 2018 à 18h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, madame la rapporteure pour avis, chers collègues, accorder certaines priorités ne doit pas se faire au détriment du reste. Or c'est bien ce qui m'inquiète dans ce budget.

Des suppressions de postes sont annoncées dans le secondaire, alors même que celles de l'an dernier n'ont pas été totalement compensées sur le terrain et que la hausse des effectifs se poursuit – c'est le cas depuis un certain nombre d'années – et ne va pas cesser.

Cela se traduira notamment par une importante augmentation des effectifs par classe dans le secondaire. Trente élèves par classe au collège et trente-cinq au lycée pourraient finir par devenir la norme, ce qui est dommage. Jusqu'à présent, la France était plutôt bien placée dans les comparaisons internationales, s'agissant du nombre d'élèves par enseignant dans le secondaire – ce n'était pas le cas pour le primaire. Ainsi, nous allons revenir dans la moyenne, pour le primaire comme pour le secondaire, au lieu de tendre vers le haut.

Je vous alerte également sur le danger de la proposition concernant les heures supplémentaires des enseignants. Je rappelle que leur travail est continu et ne se limite pas au temps de classe, et qu'ils attendent parfois quatre à six mois avant de se faire payer les heures supplémentaires. J'observe que la réforme du baccalauréat va augmenter la charge de travail des professeurs qui vont devoir corriger davantage d'épreuves avec le contrôle continu.

J'ajoute que les enseignants sont confrontés au manque d'adultes dans les établissements, et que ce budget ne prévoit pas non plus de nouveaux CPE – cela fait deux ans qu'on n'en a pas recruté. On a pourtant besoins d'adultes dans le secondaire. D'ailleurs, si vous avez repoussé les annonces sur la sécurité à l'école, c'est que vous avez conscience qu'on ne pourra pas se contenter de portiques et de gendarmes, et qu'il faudra recourir à des moyens humains pour améliorer la situation dans l'enseignement secondaire. Or je vois bien que le budget de 2019 ne s'attaque pas au problème.

Inutile de rappeler le manque d'attractivité de cette profession : seuls 58 % des dépenses d'éducation vont aux enseignants, contre 63 % en moyenne dans les pays membres de l'OCDE. Nos enseignants font ainsi partie des plus mal payés à l'échelle européenne. J'ajoute que la rémunération des AESH n'a pas évolué, et que leur statut reste éminemment précaire. Malgré quelques avancées, les « invisibles » de l'éducation nationale ont encore un long chemin devant eux.

Je conclurai sur l'enseignement professionnel et agricole, qui subit encore des suppressions de postes, autre preuve que la priorité affichée ne bénéficie pas à tous.

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