Intervention de Bruno Bilde

Séance en hémicycle du lundi 12 novembre 2018 à 16h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2018 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Bilde :

« Faites-moi de bonne politique, je vous ferai de bonnes finances ! » Cette célèbre formule, pétrie de bon sens, a été prononcée il y a 188 ans, durée qui sépare l'ancien monde de la monarchie de Juillet et le nouveau monde macroniste. Mais, en matière de gestion des deniers publics, le gouffre de l'histoire semble bien plus vertigineux. Ce projet de loi de finances rectificative en donne une illustration significative.

Nous avons subi les éléments de langage du porte-parole du Gouvernement, le méprisant M. Griveaux, qui, après avoir insulté ceux qui « fument des clopes et roulent au diesel », a déclaré que le texte ne comportait « aucune nouvelle disposition fiscale, et donc aucun nouveau prélèvement ».

Je suis au regret de vous rappeler, monsieur le ministre, qu'en 2018, vous avez pris 4,5 milliards d'euros dans les poches des Français ; c'est un matraquage fiscal d'une brutalité sans précédent. En France, la charge des prélèvements obligatoires représentait 45,3 % du PIB en 2017. Désolante performance, nous occupons la deuxième place sur le podium de la pression fiscale mondiale. Force est de constater que vous souhaitez décrocher la matraque d'or cette année !

Aujourd'hui, un an et demi seulement après l'élection d'Emmanuel Macron, nos compatriotes sont exsangues, particulièrement les retraités, que vous avez maltraités avec un acharnement qui dépasse l'entendement, notamment avec la funeste hausse de la CSG. En augmentant les taxes sur les carburants et, donc, en contribuant à l'envolée des prix à la pompe, vous avez voulu jouer avec les difficultés et les souffrances des Français. L'essence est bien votre impôt du quotidien, qui frappe celles et ceux qui ne peuvent pas aller travailler en trottinette électrique. Les automobilistes et les motards, que vous martyrisez depuis un an avec la hausse du prix du contrôle technique et la limitation à 80 kilomètres-heure, recevront un nouveau coup de massue en 2019 avec la hausse des péages. Le 17 novembre, la France en colère défilera dans tout le pays pour s'insurger contre ce racket intolérable, avant de vous envoyer l'addition dans les urnes en mai prochain.

Et ce projet de loi de finances rectificative s'attaque à une autre catégorie de Français, des Français qui donnent leur vie pour notre sécurité et la défense des intérêts de notre pays à l'étranger, des Français qui peuvent être tués dans le cadre de leur métier, des Français qui font la fierté de la communauté nationale tout entière : je veux évidemment parler de nos soldats. Alors que nous commémorons le centenaire de la victoire de 1918 et l'engagement héroïque de l'armée française pendant la Grande Guerre, vous décidez d'infliger une double peine au ministère des armées en lui retirant manu militari 800 millions d'euros, à savoir 400 millions au titre d'annulations budgétaires et 400 millions pour le paiement des opérations extérieures.

Je rappelle que le Président de la République, chef des armées françaises, s'était pourtant engagé à sanctuariser le budget de la défense. Encore une fois, les belles paroles ont été laminées par une impitoyable traduction budgétaire. Vous trahissez purement et simplement les engagements inscrits dans la loi de programmation militaire, qui vient seulement d'être votée par le Parlement. Il aurait été justifié de maintenir la solidarité interministérielle pour le paiement des opérations extérieures, qui répondent à des enjeux de sécurité vitaux pour notre pays, confronté à la guerre contre le djihadisme international. En balayant ce symbole fort d'union nationale, vous imposez de nouveaux efforts financiers à nos armées, qui devraient être soutenues sans réserve.

En définitive, ce projet de loi de finances ne rectifie rien, mais il dégrade l'essentiel : la sécurité des Français.

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