Intervention de Muriel Ressiguier

Séance en hémicycle du mardi 13 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Enseignement scolaire – sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMuriel Ressiguier :

Les lycées professionnels scolarisent 665 000 élèves, soit un tiers des lycéens. Avec ceux des filières techniques, ils forment la moitié des jeunes qui arrivent au niveau du baccalauréat. Ce n'est donc pas un « à côté » de notre politique éducative. Toute notre attention doit être portée sur ces jeunes gens, car c'est du niveau de leur formation que dépendra la capacité de la Nation à relever les défis techniques du futur.

Votre réforme du bac professionnel va à l'inverse de ce qu'il convient de faire. Vous poursuivez le détricotage entamé durant les années Sarkozy. Lorsque celui-ci a fait passer la durée de préparation du diplôme de quatre à trois ans, il a commis une erreur. Vous aggravez encore la situation en faisant passer la durée de formation à deux ans seulement, puisque la spécialisation professionnelle n'interviendra plus qu'en classe de première. C'est une absurdité, dans la mesure où le niveau de technicité des métiers augmente. Nos besoins en ouvriers et en techniciens hautement qualifiés sont plus importants que jamais, car nous devons changer tous nos processus de production pour les mettre en accord avec l'impératif écologique.

En vérité, votre réforme n'est pas guidée par les besoins du pays ou de la jeunesse. Elle ne suit qu'un objectif comptable, dicté par la Commission européenne, celui de supprimer des postes. Vous faites baisser le volume des enseignements professionnels de 4,5 % et celui des enseignements généraux de 13 %, soit l'équivalent de 900 professeurs, qui ne seront bientôt plus utiles. Vous préparez donc une nouvelle saignée, alors que, depuis 2002, ce sont déjà 248 lycées professionnels qui ont fermé. De l'autre main, vous ouvrez totalement les vannes pour le secteur privé, en dérégulant la création des centres de formation d'apprentis, les CFA. Cela signifie que ce sont les entreprises, et non plus l'État, qui s'occuperont désormais de la formation professionnelle. Je ne suis pas d'accord avec cette privatisation : la jeunesse ouvrière mérite, comme le reste de nos enfants, une école publique, gratuite et républicaine de qualité.

Monsieur le ministre, sur les 2 600 postes que vous avez prévu de supprimer dans l'enseignement secondaire, combien le seront dans les lycées professionnels ?

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