Intervention de Michèle Victory

Séance en hémicycle du mardi 13 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Enseignement scolaire – sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Monsieur le ministre, alors que le métier d'enseignant a longtemps été une vocation, voire le plus beau métier du monde dans l'imagerie collective, la perspective d'une école sanctuaire s'évanouit au moment où l'école est traversée violemment par les dérives de notre monde. Les enseignants sont épuisés, beaucoup sont démoralisés et ont l'impression, justifiée, de ne pas avoir les moyens et le temps d'enseigner correctement.

Dans ce contexte difficile, et alors que nous devons attirer de nouveaux personnels dans ce métier, les chiffres doivent nous interroger. À la rentrée 2018, environ 2 500 postes n'ont pas été pourvus et la prévision est identique pour 2019 : 750 postes vacants dans le premier degré et 1 800 dans le second. Pour essayer de comprendre la baisse d'attractivité du métier d'enseignant, nous vous demandons d'engager une véritable réflexion sur leur mission.

Elle devra porter sur le rôle des enseignants dans la formation des élèves aux nouveaux enjeux liés au numérique et aux réseaux sociaux, face aux fausses informations, au harcèlement et aux diverses radicalisations, comme sur les moyens alloués au travail en équipe, alors que les programmes sont de plus en plus transversaux et que l'acte même de transmettre a considérablement évolué.

Elle devra également porter sur les projets visant à mieux accueillir les élèves en situation de handicap, afin de construire l'école inclusive dont nous parlons tous, comme sur la place des personnels de la vie scolaire, acteurs essentiels de la communauté éducative et, enfin, sur les relations avec les parents d'élèves.

Monsieur le ministre, comment attirer de nouveaux enseignants, sans se poser ces questions avant de supprimer des postes ? Les enseignants vous l'ont rappelé hier, il n'est pas possible de supprimer 2 650 postes dans le secondaire, lorsque 40 000 élèves supplémentaires sont attendus, sans prendre le risque d'affaiblir les objectifs d'éducation que nous aimerions tous partager.

Comment rendre ce métier attractif, alors que le salaire des enseignants reste inférieur – nous en conviendrons – à celui de leurs collègues de nombreux pays européens, et que la gestion des ressources humaines, au sein des rectorats, est notoirement insuffisante ? Vous proposez des primes pour certains, des heures supplémentaires pour d'autres : or tous font un travail difficile, qui mérite une juste rémunération et une reconnaissance effective.

Monsieur le ministre, nos élèves ont plus que jamais besoin d'adultes engagés et optimistes pour les accompagner, désireux d'enseigner avec plaisir. Pourquoi ne pas mettre votre budget au service des aspirations des enseignants et de la réussite de tous les élèves ?

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