Intervention de David Lorion

Réunion du mardi 26 septembre 2017 à 11h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDavid Lorion :

Je ne reviens pas sur l'émoi qu'a pu susciter la décision du Gouvernement relative aux emplois aidés. Vous avez déclaré, madame la ministre, que certaines mesures qui ne seraient pas remplacées ou sur lesquelles on ne se serait pas mis d'accord ne seraient pas supprimées. Par ailleurs, vos considérations sur l'ouverture, l'ambition dont vous entendez faire preuve, mais aussi votre connaissance de l'outre-mer, font plaisir à entendre et nous sommes tous d'accord pour vous suivre pour peu que vos décisions ne soient pas reportées aux calendes grecques, comme les Assises des outre-mer dont nous souhaitons la réunion bientôt.

Mme Bareigts y a fait allusion : nos entreprises sont très inquiètes de ce qui les attend. Je me souviens de la promesse du Président de la République, lorsqu'il est venu à la Réunion, de porter le CICE à 12 %. Vous nous assurez, madame la ministre, que vous tiendrez les engagements pris par les gouvernements précédents – tenir celui sur le CICE donnerait un signal positif aux entreprises réunionnaises quant à la volonté du Gouvernement pour des secteurs bien spécifiques, de façon à permettre aux petites entreprises de bénéficier dudit crédit d'impôt et de mensualiser leurs remboursements. Nous devons en effet pouvoir dire aux entreprises qu'elles vont nous aider dans notre développement économique car le seul message qu'elles perçoivent aujourd'hui est que nous laissons les jeunes sur le carreau, car les associations sont sans moyens et les collectivités démunies. Or, j'y insiste, nous avons désormais besoin de réponses très claires de votre part, notamment en ce qui concerne l'économie marchande.

La défiscalisation, quant à elle, doit être le moyen de donner envie à l'outre-mer ; ce n'est pas une niche fiscale mais bel et bien un levier. Elle doit notamment concerner les maisons individuelles – 2 500 en 2013, à La Réunion, et seulement 450 en 2016 – qui font travailler les petites entreprises, les artisans. Notre tissu industriel, c'est 95 % d'entreprises de moins de 10 salariés. Nous avons donc besoin, certes, d'une défiscalisation pour le logement social, mais ce ne sont pas les entreprises de moins de dix salariés qui construisent des immeubles sociaux, ce sont les petites et moyennes entreprises. Vous voyez donc bien tout l'intérêt non seulement de maintenir la défiscalisation pour les revenus, pour permettre l'amélioration du logement, sa réhabilitation, mais aussi la défiscalisation pour les petits logements parce qu'elle répond à la fois à une demande sociale et à une demande économique.

Enfin, outre le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) que je viens d'évoquer, l'une des filières traditionnelles de La Réunion est celle du sucre. Dans quelques jours, on va discuter de l'accord économique et commercial global (Comprehensive Economic and Trade Agreement – CETA) et des décisions très dangereuses pour nos économies vont être prises comme l'ouverture aux pays du Marché commun du Sud (Mercado Común del Sur – MERCOSUR), laquelle va presque tuer notre production sucrière. D'où la nécessité de maîtriser ces accords pour interdire l'entrée des sucres spéciaux en Europe.

Encore un mot : il faut tenir compte de l'arrivée sur nos étals et dans nos grandes surfaces de tous les produits dits de dégagement – qui ne trouvent plus de débouchés en Russie notamment – et qui tuent littéralement, à La Réunion, toute une filière économique dans laquelle le Gouvernement mais aussi l'Union européenne ont beaucoup investi : le poulet.

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