Intervention de Pierre d'Ornellas

Réunion du mardi 30 octobre 2018 à 17h15
Mission d'information sur la révision de la loi relative à la bioéthique

Pierre d'Ornellas, responsable du groupe de travail sur la bioéthique au sein de la Conférence des évêques de France :

Une expression du pasteur Clavairoly m'a particulièrement frappé, celle de sagesse collective. Je pense, peut-être naïvement, que nous sommes capables d'une sagesse collective et pas seulement – je contredirai ici monsieur le rabbin – d'une sagesse des experts. Car je ne suis pas convaincu que ceux-ci soient capables de sagesse, tant ils sont pris dans leur expertise et leurs capacités techniques, d'ailleurs remarquables. La société française normale, que nous rencontrons sur le terrain, a tendance à considérer que ce que disent les experts n'est pas son affaire, et je sens qu'un divorce se crée entre les experts et une population qu'effraie parfois ce qu'ils imaginent pour l'avenir. Nous devons faire notre possible pour ne pas créer toujours plus de populisme – nous parlions du Brésil. Or, ce populisme me semble particulièrement à craindre si nous n'avons pas ce débat, peut-être permanent, avec les citoyens, qui permettra de les informer et, au lieu de les apeurer, de leur donner la confiance qui les aidera à exprimer leur opinion. Car je suis convaincu que notre société recèle beaucoup plus de capacité de sagesse collective qu'il n'y paraît.

Je viens de lire un article de Jacques Testart consacré à la recherche sur l'embryon. Ce type de recherche est en soi indéfinie : on propose aujourd'hui que la mise en culture d'un embryon puisse durer sept jours, on proposera bientôt quatorze jours. Jusqu'où va-t-on aller ? La recherche, par définition, a besoin de chercher. Mais quand j'entends sur ces sujets des citoyens d'Ille-et-Vilaine, je constate leur inquiétude ! Ce divorce entre les chercheurs et la population serait peut-être progressivement résorbé si était mise en place une instance de débat permanent qui ne soit pas livrée à l'expertise des experts. Quand des citoyens disent à la recherche qu'elle doit faire attention, il faut qu'elle l'accepte, ce qui ne signifie pas d'ailleurs que cet avertissement doive être pour elle un frein. Il y a en effet une forme de sagesse collective dans ce que disent nos concitoyens.

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