Intervention de Michaël Azoulay

Réunion du mardi 30 octobre 2018 à 17h15
Mission d'information sur la révision de la loi relative à la bioéthique

Michaël Azoulay, chargé des affaires sociétales auprès du grand rabbin de France :

Je reviendrai seulement sur deux des sujets qui ont été évoqués.

Ma première remarque s'inscrit dans le prolongement de ce qu'a dit Mgr d'Ornellas sur l'intérêt de l'enfant. Je me rappelle que nombreux étaient les membres du CCNE qui insistaient sur la différence entre une situation due à des accidents de la vie qui ont pour conséquence qu'un enfant n'a pas de père ou de mère, et une situation où il est d'emblée privé d'un père ou d'une mère puisqu'une loi ouvrant la PMA à toutes les femmes reviendrait à créer des familles monoparentales.

Mais je suis par ailleurs d'accord avec M. Touraine sur les formes multiples de parentalité. La tradition juive considère ainsi qu'un maître, parce qu'il vous apporte un enseignement, est un père : comme le disait Socrate, il accouche l'esprit. Et je partage également l'opinion de M. le rapporteur sur l'amour qui construit l'enfant. Cependant, je m'interroge : les représentants de religions ont-ils besoin de justifier leur attachement à la conception, disons classique, du couple formé d'un homme et d'une femme ? Cette conception, qui a pour modèle le premier couple, Adam et Ève, dont il a déjà été question, a toujours été la nôtre et, parce qu'elle relève de l'idéologie, elle ne peut guère faire l'objet d'une justification raisonnée. Pour nous, il est simplement évident que l'enfant a besoin d'un père et d'une mère pour se construire.

Je terminerai sur l'idée que notre mission n'est pas d'imposer mais d'interpeller, comme l'a dit le pasteur Clavairoly. À l'époque de la Manif pour tous, le grand rabbin de France avait été interrogé pour savoir si les juifs de France devaient s'associer à ce mouvement avec lequel nous avions des idées en commun. Finalement, nous n'avons pas voulu participer à ces manifestations, ce qui montre que nous ne cherchons pas à imposer notre manière de concevoir la société. Peut-être avons-nous été gênés par une forme de récupération politique de ce mouvement, ainsi que par son côté violent.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.