Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du vendredi 23 novembre 2018 à 21h30
Programmation 2018-2022 et réforme de la justice — Article 37

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Nous sommes ici au coeur d'une grande hypocrisie française. Deux choix sont possibles, en vérité.

Le premier consiste à interdire le produit stupéfiant concerné, auquel cas il faut opter pour la répression, au nom d'une vision prétendument fondée sur la santé publique : puisque ce produit est nocif, puisqu'il peut détruire la vie de qui le consomme – nul ne le contestera ici – , il faut l'interdire et protéger les Français contre eux-mêmes. Lorsqu'on compare le résultat de cette politique à celle qui est menée dans d'autres pays, on constate que la France compte beaucoup plus de consommateurs. L'argument de la santé publique est donc une hypocrisie.

Le second choix consiste à donner la priorité à la sécurité publique. Bien que les chiffres varient, on estime que la délinquance ordinaire, celle qui touche le plus nos concitoyens, tient, pour 60 %, à la nécessité de se trouver de l'argent pour se fournir en produits stupéfiants.

Il me semble que les amendements en discussion ne tranchent pas. En fait, chacun veut se donner bonne conscience avec l'interdiction. En clamant que c'est mal, on croit empêcher la consommation, mais, concrètement, on voit que ça ne l'empêche pas ; au contraire, on ne cesse de nourrir les trafics, un peu comme à l'époque d'Al Capone et d'Eliot Ness, si je puis me permettre. Parce qu'on interdit un produit facile à trafiquer, on enrichit les trafiquants et l'on plonge les personnes victimes d'addiction dans l'isolement.

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