Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du lundi 26 novembre 2018 à 16h05
Projet de loi de finances rectificative pour 2018 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

Mais si dans la forme, le texte mérite en partie les compliments, il en va malheureusement autrement s'agissant du fond, c'est-à-dire des orientations budgétaires soutenues par la majorité.

Je ne m'attarderai pas sur l'annulation de plus de 404 millions d'euros de crédits dans le budget des armées, qui a donné au président de la commission des finances l'occasion de faire un exposé d'archéologie politique, d'autant que mon collègue François Cornut-Gentille défendra un amendement de notre groupe destiné à supprimer cette disposition injuste et contraire aux engagements du Gouvernement.

Je me concentrerai sur trois sujets : le déficit structurel, la compétitivité des entreprises, le pouvoir d'achat des Français.

Tout d'abord, malgré une dette faramineuse qui culmine à 98,5 % du PIB, le Gouvernement, au sujet du déficit structurel, agit en dépit du bon sens et fait preuve d'une inacceptable lâcheté. Alors que les normes européennes fixent à 0,5 point de PIB par an l'objectif de réduction de ce déficit, l'effort structurel français sera nul en 2018 et n'atteindra que 0,2 % en 2019. Comment les Français peuvent-ils comprendre un Gouvernement qui leur demande de fournir toujours davantage d'efforts mais qui refuse de se serrer la ceinture ? Entre les 20 milliards d'euros d'inflation de la dépense publique pour l'année 2018 et les 25 milliards d'euros pour l'année 2019, comment ne pas comprendre la grogne qui enfle dans nos rues ?

Ensuite, le groupe Les Républicains n'a de cesse d'exhorter depuis des mois la majorité à prendre des mesures efficaces pour doper la compétitivité de nos entreprises et relancer la croissance. Le Gouvernement est demeuré sourd à nos propositions. Si l'on ne retient que les mesures affectant durablement les entreprises comme la diminution du taux du CICE ou la hausse de l'impôt sur les sociétés du fait de la transformation de ce crédit d'impôt en baisse des cotisations, ce sont 4,3 milliards d'euros supplémentaires qui seront prélevés sur les entreprises. C'est ainsi que la France se trouve reléguée en dix-septième position dans le classement effectué par The Global Competitiveness Report 2018 des pays ayant la meilleure compétitivité globale, loin derrière l'Allemagne, située en troisième position. Dans ces circonstances, comment s'étonner du déclin spectaculaire de notre croissance ? Selon les derniers pronostics de l'OCDE, celle-ci devrait stagner à 1,6 % du PIB pour les années 2018 et 2019, soit 0,7 point en dessous des chiffres enregistrés pour l'année 2017.

S'agissant du pouvoir d'achat, enfin, assommer de taxes les ménages les plus précaires pour continuer à dépenser toujours plus, c'est se moquer des Français ! Ce pied-de-nez du Gouvernement à l'égard de nos concitoyens est d'autant plus insupportable que la hausse des taxes s'accompagne d'une dangereuse stagnation du pouvoir d'achat, quand il ne baisse pas en creusant encore davantage les inégalités. À des années-lumière des 6 milliards d'euros de baisse de la fiscalité sur les ménages promis par M. Emmanuel Macron, des mesures telles que le plafonnement de l'augmentation des pensions de retraite à 0,3 % en janvier prochain ou la désindexation des prestations sociales grèvent le budget des Français. En 2018, ce sont ainsi 300 millions d'euros qui ont été arrachés au portefeuille des ménages.

Sur la trajectoire de la taxe carbone, rappelons que le groupe Les Républicains, le 17 octobre de l'année dernière, donnait au ministre de l'économie et des finances rendez-vous avec les Français pour l'été suivant, jugeant que le Gouvernement devrait assumer les effets conjugués de la hausse importante de la TICPE, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, et du maintien à 52 dollars du prix du baril. Nous y sommes, monsieur le ministre.

Il est urgent que le Gouvernement réponde aux fusées de détresse lancées par nos concitoyens, avant que les zones de tension ne deviennent des zones de fracture. Le Gouvernement doit répondre à la colère des Français par un arsenal de réformes efficaces et courageuses, afin de repousser le spectre du marasme budgétaire qui plane au-dessus de notre pays.

Pour toutes ces raisons, le groupe Les Républicains ne votera pas le projet de loi de finances rectificative pour 2018.

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