Intervention de Ludovic Mendes

Séance en hémicycle du mardi 10 octobre 2017 à 15h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur l'avenir de l'union européenne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLudovic Mendes :

Monsieur le président, madame la ministre, mesdames les présidentes de commission, mes chers collègues, en préambule, je souhaite exprimer au nom des députés La République en marche de la commission des affaires européennes notre satisfaction à l'écoute des propos réalistes, ambitieux et résolument européens tenus cet après-midi par M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Oui, il est temps de remettre l'Europe au coeur du débat public dans notre pays. Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins, et le moment est venu d'agir pour ne pas prendre le risque d'assister, du haut de nos divergences, à la dislocation d'un projet qui a su maintenir l'unité et la paix de notre continent depuis près de soixante-dix ans. Nous avons collectivement laissé la méfiance vis-à-vis des institutions européennes, alimentée par une lecture parfois manichéenne et par une instrumentalisation de ces sujets à des fins de politique nationale, s'installer dans la société et au sein même des parlements nationaux.

Depuis le discours fondateur de Robert Schuman en 1950, l'Europe n'existe toujours pas politiquement. C'est à nous, Européens convaincus, de porter cette Europe politique. L'Europe ne peut être un projet unilatéral et doit être une volonté collective. Nous ne pouvons ignorer les doutes qui agitent les parlements voisins. Il nous faut donc convaincre.

Les futures conventions démocratiques doivent permettre de réconcilier les citoyens et leurs institutions. Par le biais de ces conventions, les citoyens de tous les États membres seront appelés à se prononcer, librement, sur l'avenir qu'ils souhaitent donner au projet européen. Nous croyons dans la force du dialogue, du débat et de la concertation comme meilleur rempart face à ceux qui font recette de l'impopularité des institutions européennes, sans toutefois proposer d'autre projet que le repli nationaliste mortifère.

Réconcilier, cela passe d'abord par une solidarité plus effective au coeur du projet européen. Le marché commun a été le pilier central de notre Union européenne. Les bénéfices économiques de cette ouverture sont réels et indéniables, et doivent maintenant être mieux partagés. L'Europe ne doit pas se réduire à un espace financier froid ; elle doit être protectrice pour les plus faibles et combative contre ceux qui oublient que notre planète est en danger. C'est par l'harmonisation des normes que nous créerons une cohérence européenne et que la défiance des peuples s'atténuera. L'Europe doit être à la hauteur des enjeux de notre siècle. Protéger nos concitoyens, c'est construire une véritable Europe de la défense, mettant en commun ses atouts militaires et parlant d'une seule et même voix. Mais protéger les Européens, c'est aussi porter l'idée d'une gouvernance monétaire européenne forte et équilibrée.

Réconcilier, cela passe aussi par un processus démocratique plus clair et plus lisible. Si l'Europe souffre, c'est que sa légitimité s'est effritée, faute de projets suscitant l'adhésion des peuples, mais aussi que la voix de ses défenseurs s'est faite plus faible quand les nationalismes se sont relevés.

Enfin, réconcilier, c'est assumer nos différences. L'Europe est le fruit de compromis, de dialogues, d'hommes et de femmes qui ont su assumer leurs différences pour tracer un itinéraire commun. Il n'est pas et n'a jamais été question d'une Europe qui viendrait dissoudre les identités et les particularismes nationaux dans le grand bain d'une communauté homogène et aseptisée, mais bien de proposer un socle commun de principes dans lesquels nous nous reconnaissons. Ce socle, c'est la démocratie. Il nous faut affirmer sans détour que quiconque renonce aux valeurs démocratiques s'exclut de la communauté européenne.

L'Europe est une part indissociable de notre identité : dans nos repas de famille, dans le monde professionnel ou à la terrasse d'un café, nous échangeons des mots en français, en espagnol, en portugais, en italien, en anglais ou en allemand. C'est alors que l'Union fait tomber les murs et crée de nouvelles passerelles. C'est alors que nous pouvons être fiers de nous rassembler et fiers de nous sentir Européens. Certes, ma génération n'a rien connu des drames et des conflits qui ont ravagé l'Europe au siècle dernier. Malgré tout, elle sait à quel point la paix est un équilibre fragile, et elle a conscience que le projet européen recule quand il n'est plus assumé par ses défenseurs.

Ce projet européen, aussi imparfait soit-il, se doit d'être défendu, et nous n'accepterons pas de le voir reculer devant le repli nationaliste, qui, de tout temps, n'a engendré que le conflit. L'Europe doit nous rassembler, et celles et ceux qui, sur ces bancs, croient en cet idéal, doivent le porter avec la majorité et le Gouvernement. Une fenêtre d'optimisme s'ouvre, dans laquelle le projet européen peut reprendre corps. Mais ce projet ne survivra pas à une nouvelle décennie d'errements et de synthèses technocratiques.

Les parlements nationaux abritent le coeur battant de la vie démocratique et seront aussi les acteurs de la refondation du projet européen. Nous avons pu constater, depuis plusieurs semaines, à quel point le volontarisme du Président de la République, du Gouvernement et de la majorité sur ces questions, a conduit certains, dans cet hémicycle, à porter un message qui confine maintenant à l'europhobie. L'ironie veut que les plus virulents des pourfendeurs de l'Union européenne siégeaient souvent il y a peu au Parlement européen, à Strasbourg.

Nous sommes résolus à faire vivre l'unité européenne, madame la ministre, et à oeuvrer avec le Gouvernement pour faire aboutir le projet que vous avez présenté. L'année 2018 sera celle de l'Europe. Cette dernière aura besoin de toutes les volontés, de droite comme de gauche, pour la défendre.

L'Europe, quand elle n'avance plus, se meurt. Des années d'immobilisme ont réduit le projet européen à une question en suspens. Pourtant, l'Europe est une réponse. Une réponse aux déclinistes qui ont déjà baissé les bras, une réponse à l'urgence écologique, une réponse à ceux qui se sentent lésés par la mondialisation. L'Europe est une réponse car elle incarne une idée, celle d'un avenir en commun, qui nous dépasse tous. Alors soyons à la hauteur !

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