Intervention de Philippe Adnot

Séance en hémicycle du lundi 3 juillet 2017 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Philippe Adnot :

Je vous prie, monsieur le Premier ministre, de saluer le Président de la République de ma part et de lui dire qu'il a prononcé un discours très beau, très profond et très intéressant ; je le reconnais mais cela ne veut pas dire pour autant que je compte d'emblée me rallier à toutes ses futures propositions.

Par nature, les parlementaires non inscrits ne s'expriment pas de manière collective, chacun tenant à sa liberté totale d'esprit et d'expression. Je suis aujourd'hui la voix de ceux qui ne se reconnaissent pas dans l'esprit de système.

Les textes et les décisions qui nous seront proposés seront examinés en fonction de l'intérêt de notre pays et de nos concitoyens, sans a priori mais avec une liberté absolue. Je souhaite d'ailleurs qu'il en soit de même lorsque nous aurons à confronter les votes des deux assemblées, et que les commissions mixtes paritaires soient un lieu d'échange fructueux et respectueux. Nos concitoyens ne comprendraient pas que le dialogue se limite à l'entre-soi majoritaire.

La réforme institutionnelle, largement évoquée aujourd'hui, constituera d'ailleurs un bon test. Beaucoup d'éléments sont intéressants et peuvent nous convenir. Par exemple, à titre personnel, la diminution du nombre de parlementaires me va parfaitement. D'autres aspects ne nous conviendront pas, et nous devrons pouvoir en discuter. La proportionnelle, peut-être, mais à très petite dose, si l'on veut préserver une représentation territoriale équilibrée.

En revanche, nous ne devrons pas diminuer la liberté de choix de nos concitoyens ; tels sont les maîtres mots. Or limiter le nombre de mandats dans le temps, c'est porter atteinte à cette liberté, alors que nos concitoyens ne doivent pas être contraints ; c'est la porte ouverte à des dérives qui pourraient devenir inquiétantes.

De même, nos concitoyens et nous-mêmes avons droit à l'équité, et je ne vois pas pourquoi les conjoints des petits-enfants devraient avoir moins de droits que d'autres. Selon moi, il y a là une exagération sur laquelle il faudra revenir.

Monsieur le Premier ministre, nous n'avons guère eu le temps, cet après-midi, de parler de l'emploi. Or aucune des nombreuses réformes évoquées n'aura de valeur pour notre société si nous ne sommes pas capables de résoudre le problème du chômage et celui des déficits publics. Nous examinerons donc vos propositions avec attention et intérêt.

L'ambition doit être de faire en sorte que nos entreprises soient capables de conquérir des parts de marché car c'est la clé de la création d'emplois dans notre pays.

Quant à la maîtrise des équilibres financiers – vous serez obligé de proposer des mesures en ce sens –, elle exigera des efforts de toutes les composantes de notre société.

Ces efforts sont et seront nécessaires mais, pour être compris et acceptés, ils devront être justes et efficaces. Il faudra donc éviter les contradictions et mettre fin à la frénésie normative qui obère les capacités financières de chacun. Chaque jour, des obligations nouvelles privent nos concitoyens de ressources indispensables. Chaque jour, de nouvelles contraintes grèvent les budgets de nos collectivités territoriales ; on ne peut leur demander de gérer au plus juste tout en les obligeant sans cesse à des dépenses nouvelles.

Je crois me faire l'interprète des parlementaires ici présents en disant que nous sommes prêts et que les Français sont prêts à accomplir l'effort requis s'il est consacré à l'essentiel, s'il est efficace et juste, s'il n'est pas contradictoire. Tel est l'état d'esprit que je souhaite vous voir adopter, monsieur le Premier ministre. C'est en tout cas le mien.

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