Intervention de Florent Boudié

Séance en hémicycle du mardi 10 octobre 2017 à 21h45
Modification du règlement de l'assemblée nationale — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFlorent Boudié :

Au fond, l'intérêt du texte soumis à notre examen tient moins à son contenu proprement dit qu'à l'opportunité dont plusieurs groupes se sont saisis pour ouvrir le débat sur la modernisation du travail législatif. Et il ne faut en rien regretter cet appétit de transformation.

Ainsi nos échanges en commission ont-ils porté sur la lourdeur de la procédure législative, préoccupation à double tranchant puisqu'il ne sera pas aisé d'arbitrer entre l'éloge de la lenteur et le culte de la vitesse. Ainsi nos débats se sont-ils également élargis à une interrogation profondément démocratique sur la notion d'opposition politique, sur les droits fondamentaux de celle-ci, plus généralement sur le pluralisme, ainsi que sur les conséquences à tirer d'un système partisan profondément bouleversé à l'issue de l'élection présidentielle.

Il y a là de vrais enjeux qui interrogent ce que doit être un parlement rénové et moderne dans une démocratie qui, depuis tant d'années, doute d'elle-même et de la capacité de sa classe politique à se réinventer et à se reconnecter au principe de réalité.

Ces débats-là ne sont pas mineurs. Ils le sont tellement peu qu'il serait regrettable de les aborder, et plus encore de les trancher au détour d'un texte dont le champ demeure extrêmement limité. C'est la raison pour laquelle vous avez eu raison, madame la rapporteure, de repousser les amendements qui visaient à élargir l'objet de ce texte.

Est-ce une façon dilatoire d'écarter la réflexion que nous devons impérativement conduire sur l'avenir de notre assemblée ? Certainement pas. Le président de Rugy a d'ailleurs déjà lancé la feuille de route qui doit permettre de dessiner les contours du parlement du futur, à l'heure où les exigences démocratiques de nos concitoyens envers la représentation nationale confinent à la défiance, quand ce n'est pas à la colère démocratique. En outre, le groupe La République en marche porte ardemment cette volonté de transformation. C'est même sa raison d'être : rénover les pratiques, tourner le dos aux usages lorsqu'ils n'ont pas d'autre effet que de freiner ou de bloquer. Et nous avons entamé ce vaste chantier en adoptant, dès l'été dernier, la loi sur la confiance publique.

Le chantier est immense. Reconnaissons que notre assemblée s'est trop souvent laissée aller à la théâtralisation des débats – nous l'avons encore constaté ce soir – , à la tyrannie des postures, quand ce n'est pas à la recherche de l'incident. Alors oui, il nous faudra retrouver l'art de la conversation civique entre majorité et opposition, entre l'Assemblée nationale et les Français, et il nous faudra en poser le cadre pour tenter d'atteindre ce but, et ce, grâce à la réflexion d'ensemble qui a été lancée voilà quelques jours.

Avant de conclure, je voudrais dire ma colère devant l'amendement de La France insoumise demandant le retrait du drapeau européen de notre hémicycle.

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