Intervention de Joël Aviragnet

Séance en hémicycle du lundi 3 décembre 2018 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoël Aviragnet :

Je n'ai pas l'intention de participer à l'hystérie du débat public actuel qui mène certains irresponsables politiques à proposer la mise en place de l'état d'urgence ou la dissolution de l'Assemblée nationale. Pourtant, chers collègues, et contrairement à beaucoup d'entre vous ici, je n'ai absolument pas peur de remettre mon mandat en jeu. Je l'ai démontré l'année dernière et je le referais si c'était nécessaire. Quant à l'état d'urgence, il a été instauré par François Hollande pour lutter contre le terrorisme à la suite des attentats du 15 novembre. Les mots ont un sens, il ne faut pas tout mélanger. On ne peut pas être constamment dans l'escalade verbale et dans la grandiloquence alors que les gens nous ont élus pour agir et pour les défendre.

Or j'observe que de nombreuses mesures dans ce PLFSS ne sont pas dignes de la confiance que nous ont accordée nos électeurs, et il est grand temps que cette majorité ouvre les yeux et comprenne la gronde des Français ! Il est certain, par exemple, que la transformation du ClCE en baisse pérenne de cotisations pour un coût, en 2019, de 40 milliards d'euros n'est pas une mesure de nature à calmer le jeu ni la colère des Français. Le CICE n'était certes pas fléché vers la création d'emplois, péché originel du gouvernement d'alors, je le reconnais très aisément. Mais vous, au lieu de mettre fin à cette gabegie, non seulement vous en doublez la portée mais, en plus, vous en augmentez la durée. À croire que vous et votre gouvernement êtes incapables de tirer des leçons des erreurs du passé !

On savait le monde hospitalier en souffrance, pour ne pas dire à bout de souffle, après des années de maîtrise des dépenses budgétaires, années il est vrai indispensables. Néanmoins, aujourd'hui, la situation est totalement différente : le budget de la sécurité sociale est de retour à l'équilibre, il sera même excédentaire l'année prochaine. À ce titre, le groupe Socialistes et apparentés pense qu'il est grand temps, madame la ministre, de desserrer l'étau de l'hôpital public et d'investir massivement pour la santé de nos concitoyens et pour la recherche contre les maladies graves. Je sais que vous allez me répondre que nous ne pouvons pas investir d'argent dans la santé, ni ailleurs, car cela augmenterait notre dette et notre déficit publics. Mais c'est faux ! Car nous pourrions, par exemple, rétablir l'ISF – pourquoi pas ? – et demander un effort supplémentaire aux ultra-riches, ou, comme l'Espagne vient de le faire, taxer les banques pour financer les retraites, ou bien augmenter les taxes sur les dividendes des actionnaires pour financer l'hôpital public. Voyez-vous, nous vous faisons des propositions qui ont le mérite d'être à la fois justes et vertueuses pour notre société. Il ne s'agit pas de dresser les Français les uns contre les autres, comme le fait régulièrement ce gouvernement, mais au contraire d'avoir une vision globale du bien-être et de la justice sociale. Nous vous proposons là une sortie de crise. Madame la ministre, je me permets de vous conseiller de saisir cette main tendue. Il n'est pas trop tard pour corriger le tir et reconnaître que ce PLFSS n'est pas suffisamment ambitieux.

Je n'ai pour ma part aucun mal à reconnaître qu'il y a de bonnes mesures dans ce texte malgré tout. La fusion de l'ACS et de la CMU-C est une très bonne chose et le « reste à charge zéro » pour les soins dentaires, l'audiologie et l'optique va dans le bon sens, si tant est que le prix des mutuelles n'augmente pas ; la création des postes d'assistant médical et la vaccination antigrippale par les pharmaciens sont des mesures intéressantes. Il n'y a pas de fierté mal placée sur les bancs socialistes, mais acceptez, madame la ministre, d'en faire autant et de revoir à la hausse vos ambitions pour notre système de santé ! Refusez que l'État se serve dans les caisses de la sécurité sociale, sinon vous êtes complice du siphonnage des ressources de la sécurité sociale et, en définitive, de sa mort programmée.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.