Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mardi 3 octobre 2017 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale :

Merci beaucoup pour ces questions, qui nécessiteraient une longue réponse. Je vais toutefois essayer d'aller droit au but.

Commençons par les programmes, qui sont un exemple emblématique des méthodes de transformation que l'on doit utiliser. Notez que j'ai bien parlé de « transformation » et pas de « réforme ». Comme vous le savez, l'ensemble des acteurs, à commencer par les professeurs, sont fatigués des changements permanents de programmes et des réformes successives venues d'en haut, et ils le disent. J'en suis très conscient. Mais en même temps, on observe une certaine insatisfaction par rapport à la situation actuelle, et des volontés d'amélioration. Dans un tel contexte, un peu paradoxal, la seule méthode que je connaisse est celle de la transformation par les acteurs. Voilà pourquoi, lorsque je suis arrivé, j'ai dit qu'il n'y aurait pas une nouvelle grande loi, ni de grandes transformations des programmes. Cela ne signifie pas que je suis en accord pur et parfait avec l'état de la législation ou des programmes. Je pense qu'il n'a pas été très raisonnable, dans les années précédentes, de faire des programmes à une telle vitesse, et de cette façon. D'ailleurs, je l'ai souvent dit publiquement. Pour autant, je ne cherche pas non plus à insister sur ce point, car de nombreux acteurs aiment beaucoup rebondir sur ce genre de propos pour entretenir des polémiques sans intérêt pour le débat scolaire.

Dans un tel contexte, mon but n'est pas de revoir les programmes du tout au tout, d'autant que je ne pratique pas non plus le sport consistant à dire que tout ce qui s'est passé avant est forcément nul et non avenu. Je ne l'ai jamais fait, et je ne le ferai pas. Je laisse ce mode de fonctionnement à ceux qui me critiquent. En revanche, il est essentiel de réussir à donner un caractère vivant aux programmes. Il est tout à fait normal que les programmes changent. Ainsi, les programmes de sciences doivent tenir compte en permanence des évolutions scientifiques. Par ailleurs, on trouve dans les programmes ce que j'appellerais des « aspérités » – le prédicat a attiré l'attention de tout le monde – que l'on peut modifier à la marge.

Quelle méthode allons-nous utiliser ? Vous avez rappelé que le président du CSP avait démissionné. Il l'a fait dans des termes qui lui appartiennent, que je lui renvoie et qui, à mes yeux, font qu'il n'était pas digne d'exercer cette fonction. Je n'en dirai pas plus car je ne désire pas que certains médias rebondissent, comme ils aiment à le faire, sur mes propos pour créer des polémiques à l'infini. Je souhaite mettre en oeuvre la méthode qui a toujours été la mienne : je vais parler avec le CSP, évaluer son état d'esprit, et voir comment aller de l'avant pour faire vivre les programmes dans les temps futurs. Au moment où je vous parle, aucune option n'a été choisie. Nous devons d'abord discuter et débattre.

La création du CSP répondait à la volonté de créer une institution indépendante, d'une certaine façon, du pouvoir politique. Je vous renvoie à tous les arguments qui ont été échangés à cette époque et qui montrent les avantages et les inconvénients qu'il y a à procéder ainsi. D'autres institutions, qui ont été créées par la loi de refondation de l'école, ont fait la démonstration de leur intérêt et ont justifié la place qu'elles occupent dans le paysage éducatif. Je pense, par exemple, au Conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO).

Certains s'interrogent sur le Conseil supérieur des programmes, en raison des polémiques inutiles qui ont été suscitées. Nous verrons, mais ce qui est certain, c'est que les programmes doivent être vivants, et qu'une réforme des programmes accompagnera forcément celle du baccalauréat, au niveau du lycée. Nous allons voir selon quelle méthode nous procéderons. Quoi qu'il en soit, j'en appelle à la sobriété et au sens de l'intérêt général de chacun. J'appelle aussi chacun à prendre en compte ce que je dis et ce que j'écris, et pas les commentaires sur ce que je dis et ce que j'écris. De fait, l'honnêteté intellectuelle n'est pas la chose du monde la mieux partagée dans le monde des commentaires sur l'école. Ainsi par les titres qu'il a choisis, un grand média du soir – d'ailleurs plus tout à fait du soir, et peut-être plus si grand – n'a-t-il pas joué dernièrement au pompier pyromane ?

Madame la députée, venons-en à votre question sur le poids du cartable. La préoccupation est ancienne. Si les programmes sont épais, les manuels le sont aussi, et les sacs sont lourds. Cela soulève aussi un problème de santé publique, et nous renvoie au défi numérique et à toutes les opportunités qu'offre la révolution numérique pour en finir avec ces cartables trop pesants. On peut également imaginer d'autres dispositifs, par exemple faire en sorte que les manuels restent dans l'établissement scolaire. C'est donc un problème multiforme qui renvoie à plusieurs catégories de sujets : les programmes, les installations physiques dans l'établissement, le rôle du numérique et, in fine, la possibilité de travailler avec les éditeurs pour accompagner certaines de ces évolutions. Nous allons nous pencher sur cette question. Je vous propose de me faire porter le même sac à la fin du quinquennat, non pas pour mesurer l'évolution de ma force physique, mais pour apprécier le caractère concret des mesures que l'on aura prises en la matière. Ce sera un bon thermomètre de la modernisation de notre système.

Monsieur Reiss, je vous remercie pour votre propos liminaire. Les maîtres E et G ne sont pas remis en question du fait du dédoublement des CP. Nous avons besoin dans le système scolaire des compétences des psychologues, des maîtres E, des maîtres G. Ils nous permettent de prêter une attention spécifique aux enfants présentant des caractéristiques particulières. C'est un sujet qui ne doit inquiéter personne : encore une fois, nous avons besoin des compétences de ces personnels. Pour autant, l'organisation des dispositifs peut être questionnée. Il n'est pas prévu de le faire à court terme, mais nous allons travailler sur ce dossier. La dernière étude relative aux réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED) doit nous amener à discuter de l'organisation de ce soutien aux élèves.

La discussion concernant les directeurs d'école est également ouverte. C'est un vieux débat… Nous devons fortifier l'organisation de notre école primaire, mais il faut le faire avec beaucoup de discernement et de discussions.

1 commentaire :

Le 18/10/2017 à 10:44, Laïc1 a dit :

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" J'appelle aussi chacun à prendre en compte ce que je dis et ce que j'écris, et pas les commentaires sur ce que je dis et ce que j'écris. De fait, l'honnêteté intellectuelle n'est pas la chose du monde la mieux partagée dans le monde des commentaires sur l'école."

Tous mes commentaires sur l'école sont empreints de la plus grande honnêteté, reste à savoir si M. Blanquer partagera mon avis sur la question.

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