Intervention de Philippe Huppé

Réunion du mercredi 28 novembre 2018 à 16h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Huppé, co-rapporteur de la commission des affaires économiques :

C'était intéressant. Je pense que nous avons su nous respecter et je partage entièrement ses conclusions, tout comme il partage les miennes. Une véritable harmonie s'est créée entre lui et moi !

J'aborderai deux points pour ma part : le tourisme en général, et plus particulièrement les zones touristiques internationales (ZTI), ainsi que les plateformes de réservation en ligne.

S'agissant des zones touristiques internationales, il nous est apparu au cours des auditions qu'elles avaient été fortement appréciées par les professionnels, tellement appréciées qu'ils en redemandent. L'économie en a largement profité, notamment à Paris. Cela ne fait que reprendre ce qui a été dit précédemment, mais, cela ayant été aussi confirmé de notre côté, il doit y avoir une part de vérité.

À Paris, on le voit, d'importants investissements dans l'hôtellerie sont en cours. Des dizaines d'hôtels de luxe et de grand luxe sont en train de sortir de terre grâce à ces ZTI et à l'ouverture dominicale. Cela peut paraître étrange, mais l'ouverture dominicale est fortement appréciée par les personnes auditionnées, essentiellement pour deux raisons : cela crée de l'emploi et de la richesse et, en même temps, c'est une façon de répondre à la concurrence numérique. Elles nous l'ont dit, et l'on sent bien qu'à l'heure actuelle le mode de consommation est tourné vers l'immédiateté : si leurs établissements ne sont pas ouverts, les clients vont acheter, entre autres, sur Amazon pour être livrés dès le lendemain. Le dimanche n'est pas un jour particulier de consommation : on consomme, même le dimanche à deux heures ou minuit, et on veut être livré très rapidement.

C'est la raison pour laquelle nous présentons une proposition sur les zones touristiques internationales. Elles sont douze aujourd'hui à Paris. C'est trop. De plus, comment expliquer que, côté impair de la rue du Bac, on soit en ZTI et on puisse ouvrir le dimanche, tandis que, côté pair, on soit dans une zone « classique » et on ne puisse pas ouvrir ? En tant que Français, nous pouvons le comprendre, tant nous avons l'habitude de cet enchevêtrement de découpages administratifs, mais le touriste japonais s'en moque. Lui, il vient visiter Paris, et qu'il soit à droite ou à gauche de la rue, il veut pouvoir consommer.

« Soyons pragmatiques », voilà aussi ce que nous entendons chaque fois. Si le commerçant, le petit commerçant ou le commerçant moyen, ne peut pas, il n'ouvrira pas. S'il n'a pas d'intérêt à ouvrir, il n'ouvrira pas. Chaque fois, les personnes auditionnées nous ont renvoyés vers le pragmatisme, nous demandant de les laisser faire.

Ce sera la proposition que M. Daniel Fasquelle et moi-même ferons : une ZTI unique à Paris. Cela évitera les frontières incompréhensibles au touriste classique, en laissant la liberté aux commerçants d'ouvrir ou non, sachant que le dimanche est un jour particulier qui doit être régi par des règles particulières. Ce n'est ni un lundi, ni un mardi, c'est le dimanche. Le repos dominical doit être respecté mais, à Paris et dans les zones touristiques internationales, la situation est particulière.

Le travail dominical crée de la richesse et de l'emploi. Les responsables de Darty que nous avons auditionnés, par exemple, nous ont indiqué qu'ils ont embauché, et en contrat à durée indéterminée (CDI) ! C'était assez intéressant. Vous devez être vous dire que je parle de Darty alors que le sujet est celui des zones touristiques internationales. Cela ne veut pas dire que le Japonais vient acheter à Paris un four à micro-ondes qu'il ramène au Japon, mais vous avez bien compris que si les ZTI sont bien destinées aux touristes, les Parisiens en profitent également. C'est une des réponses à la concurrence du numérique, car il faut bien y répondre. C'est une des possibilités pour le commerce classique, et tant mieux ! Sinon, les clients passent commande en ligne. C'est un aspect important qui est ressorti des auditions.

Nous proposons donc une seule zone touristique à Paris, et la liberté d'ouvrir le dimanche, tout au moins à Paris et dans toutes les ZTI. Cela évitera peut-être certains problèmes, comme celui de Dijon.

Il conviendrait également d'associer un peu plus les chambres de commerce et d'industrie (CCI) à la définition de la carte des futures ZTI, dont elles se sont en effet parfois senties écartées. Les associer permettrait sans doute d'avoir une meilleure cohérence et, grâce à leur expertise, de savoir s'il existe vraiment un commerce international, des touristes et un flux touristique. C'est un aspect important et, grâce à leur savoir-faire, nous arriverons sans doute mieux à circonscrire ces zones touristiques internationales.

Je pourrais approfondir, mais je veux être bref. Si vous voulez plus de détails, je vous invite à consulter le rapport.

Pour ce qui est des plateformes de réservation en ligne, la loi « Macron » a apporté une véritable amélioration. Il est ressorti des auditions que leurs représentants étaient ravis de cette loi et qu'ils voulaient que nous la préservions à tout prix. La loi a interdit la parité tarifaire, et leur seule peur était qu'une directive européenne vienne casser, remettre en cause ce système. Mais les ministres ont été alertés en temps et en heure, et ont agi en ce sens – c'est ce qui importe !

Les commerçants demandent donc de conserver cette mesure qui leur a permis de redevenir maîtres de leur stratégie économique et de leurs tarifs. En réalité, on retrouve à peu près partout les mêmes tarifs, mais ils se sentent plus maîtres du système. On a beau accuser ces plateformes de réservation en ligne de tout ce qu'on voudra, elles ont malgré tout un effet bénéfique. Elles offrent à nos petits hôtels de campagne, dans nos territoires une visibilité qu'ils n'auraient jamais eue autrement.

Nous avons auditionné des responsables du groupe Accor au Touquet. Ils nous disaient que, même eux, sur leur plateforme de réservation, n'avaient pas le même impact que Booking qui réalise 71 %, me semble-t-il, de chiffre d'affaires mondial des réservations en ligne. Non seulement ils n'avaient pas le même impact, mais ils n'arrivaient même pas concurrencer Booking. Ils en ont donc besoin ; ils jouent ensemble. Et c'est une chance pour nos territoires, car nos petits hôtels n'auraient, sinon, aucune visibilité. Donc, encadrons l'activité de ces plateformes, mais avec prudence, car elles apportent aussi quelque chose. C'est souvent ressorti dans les auditions.

Je n'irai pas plus loin, parce que la journée avance. Nexter a été évoqué. Je me bornerai à dire que je partage entièrement ce qui a été dit à ce sujet : il faut continuer !

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