Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du mardi 25 septembre 2018 à 17h10
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

Nous avons le très grand plaisir de recevoir M. Jean-Pierre Raffarin. M. Raffarin et moi nous connaissons depuis longtemps ; nous avons partagé des convictions et un engagement politique communs. Il est donc heureux que nous nous retrouvions. Vous êtes ancien Premier ministre, vous avez présidé la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, et vous avez créé « Leaders pour la paix ». Surtout, votre parole est très libre – ce qui est extrêmement agréable dans le monde politique d'aujourd'hui – et vous portez en même temps un regard d'expert sur le monde qui nous sera très utile. Il est assez rare que les hommes politiques s'intéressent à la marche du monde. Je suis donc très heureuse de vous accueillir aujourd'hui.

Vous portez depuis très longtemps un regard particulier sur la Chine. Vous vous passionnez pour la politique étrangère et les affaires du monde, et je rappelle que vous avez été le Premier ministre pendant le mandat duquel la France s'est exprimée avec vigueur, par la voix de son ministre des affaires étrangères, sur la guerre en Irak. Ce fut un moment de grandeur, d'indépendance et de fierté assumée du pays que je n'oublie pas. Il fallait prendre cette position courageuse et absolument juste. Je veux vous en remercier devant nos collègues.

Vous vous intéressez à la Chine depuis très longtemps. Vous vous y rendez tous les ans au moins, et vous avez sans doute conseillé la plupart des présidents de la République sur cette grande question. Nous avons eu l'occasion d'accompagner ensemble le Président de la République lors de son déplacement en Chine en janvier, avec Jean-Paul Lecoq et Buon Tan, président du groupe d'amitié. En clair, vous êtes un grand connaisseur de ce pays et votre regard nous intéresse, alors même que les choses ont été dites très clairement à l'issue du 19e Congrès du Parti communiste chinois : l'objectif de la Chine, pleinement assumé par le pouvoir, est de devenir la première puissance mondiale en 2049. Je serai intéressée de vous entendre sur cette stratégie de puissance, qui repose notamment sur la route de la soie – laquelle n'est pas qu'affaire économique mais aussi, en grande partie, affaire de stratégie, voire d'hégémonie. Elle pose la question de l'utilisation par la Chine des ressources naturelles d'une grande partie du monde, en particulier du continent africain. Nous sommes nombreux à nous battre pour que les Africains puissent exploiter, transformer et commercialiser eux-mêmes leurs ressources naturelles, plutôt que de laisser ces tâches à d'autres. Plus de soixante-sept pays sont concernés par la route de la soie. Nous serions intéressés de vous entendre sur la conception que s'en fait la Chine.

Les tensions s'aggravent dans le monde, entre le repli sur soi des États-Unis, la guerre commerciale entre les États-Unis et l'Europe et la Chine, le rapprochement sino-russe, et la montée en puissance militaire de la Chine. Avec M. Hutin, Mme Lenne et d'autres collègues, nous nous sommes rendus à Djibouti et y avons vu la première base militaire chinoise hors de Chine, qui est forte de plusieurs milliers d'hommes ; elle est très impressionnante et dit quelque chose de la stratégie chinoise.

Nous aimerions également vous entendre sur l'organisation du pouvoir, qui semble plus que jamais centralisé, autoritaire et très fortement personnalisé. Enfin, nous parlerons naturellement des droits de l'homme : les camps de travail, Internet, l'absence de libertés dans un grand nombre de domaines. Je serai heureuse de connaître votre point de vue sur toutes ces questions et sur toutes celles que vous voudrez bien aborder, en nous exposant votre regard sur la Chine et sur le monde tel qu'il va – ou tel qu'il ne va pas.

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