Intervention de Virginie Duby-Muller

Séance en hémicycle du jeudi 13 décembre 2018 à 16h30
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVirginie Duby-Muller :

Après avoir annoncé ces mesures, le Président de la République n'a pas présenté une seule piste d'économie. Qui paiera ? Nous craignons que les mesures d'aujourd'hui ne soient les impôts de demain. M. Dussopt nous explique que « c'est l'État qui paie ». Souvenons-nous que l'État, c'est l'impôt des Français !

Monsieur le Premier ministre, nous demandons solennellement à Emmanuel Macron de revenir à la barre, de reprendre le gouvernail, d'assumer sa politique et de tout faire pour assurer un retour au calme.

Le plus frappant, c'est que la chronologie de votre gestion de crise est effarante. Il y a deux semaines, vous marteliez d'une seule voix, chers collègues de la majorité, que le cap était le bon – « Circulez, il n'y a rien à voir ! » – , encore persuadés que ce nouveau monde auquel vous vous targuez d'appartenir était irréprochable. C'était pécher par excès d'orgueil et de confiance, voire par aveuglement. Il n'existe ni nouveau, ni ancien monde. Il n'existe qu'une réalité, celle que les Français vivent chaque jour, et que vous avez oubliée et méconnue depuis les élections.

Puis, soudainement, après l'aveuglement, une prise de conscience tardive est survenue. Les classes moyennes, matraquées fiscalement depuis plus d'un an, ont dû descendre dans la rue pour vous alerter. Pendant plusieurs semaines, vos réponses n'ont pas été à la hauteur. La première a pris la forme d'un discours fleuve du Président de la République, annonçant tambour battant la création d'un nouveau comité Théodule sur le climat ainsi qu'une pseudo-concertation dans les territoires au cours des trois mois à venir, alors que les hausses de taxes devaient entrer en vigueur dans les trois semaines.

Ensuite, nous avons assisté aux tergiversations gouvernementales, tandis que votre majorité parlementaire se fissurait, monsieur le Premier ministre, et appelait à une suspension des hausses de taxes. Vous avez alors annoncé un report de six mois de ces hausses et un éventuel rétablissement de l'ISF, confirmé par Mme la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes – assurément spécialiste du sujet ! La cacophonie qui règne dans votre équipe gouvernementale a franchi un degré supplémentaire le soir même, lorsque M. le ministre de la transition écologique et solidaire vous a contredit, confirmant au nom d'Emmanuel Macron l'annulation des hausses de taxes prévues pour 2019. Finalement, le service de presse de l'Élysée a dû démentir vos prises de positions sur l'ISF !

Ainsi, vous naviguez à vue sur des sujets budgétaires majeurs ayant des répercussions sur le porte-monnaie des Français. Bref, c'est un vrai roman, d'un style assurément surréaliste ! Dommage qu'il s'agisse du quotidien des Français ! Dommage qu'il y ait urgence ! Je vous assure, nous avons du mal à vous suivre, et les Français aussi.

En réalité, vous avez tout misé sur la stigmatisation et le pourrissement du mouvement des gilets jaunes.

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