En 2017, les aides directes ou indirectes à la presse représentaient entre 580 millions et 1,8 milliard d'euros. Ces aides ne s'adressent qu'aux 35 047 journalistes détenteurs de la carte de presse, et à tous ceux dont c'est l'activité professionnelle. Autant dire que le cadeau n'est pas une bagatelle, et surtout qu'il crée une inégalité de fait entre contribuables, que j'ai du mal à comprendre.
On nous parle d'économies à longueur de temps. Voilà une proposition en la matière ! Croyez-moi, les caisses de l'État ne se porteront que mieux avec cette niche fiscale en moins ! De plus, vous ne cessez de dire que vous voulez supprimer les niches fiscales : prouvez-le !
Par ailleurs, cette niche pose clairement un problème en termes d'indépendance des journalistes par rapport à l'État. Je ne suis pas la seule à le dire : la France, prétendu pays des droits de l'homme et de la liberté, était placée à la trente-troisième place dans le classement de la liberté de la presse, en partie à cause du financement de celle-ci. Je pense aussi au rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes dans lequel je lis que « le montant total des aides dont bénéficie le secteur [du journalisme] est élevé en valeur absolue et représente une part croissante de son chiffre d'affaires ».
Que le secteur du journalisme soit en crise, que le chiffre d'affaires de la presse soit passé de 10 milliards, dans les années 2000, à 7,5 milliards de nos jours, c'est un fait. Pour autant toutes les dispositions fiscales en faveur des journalistes sont-elles légitimes, sachant surtout que seule une toute petite partie d'entre eux peut en bénéficier – il y a ainsi les journalistes nantis du système et les autres qui gagnent à peine le SMIC ? Si l'on devait prendre des mesures, ce devrait être en faveur de ces derniers, et pas au bénéfice de la minorité de journalistes qui sont déjà bien lotis par le système.