Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du jeudi 12 octobre 2017 à 9h30
Compétitivité de l'agriculture française — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Si le mot « révolution » a un sens, c'est bien dans le Midi viticole. Chez nous, en Languedoc, en quelques dizaines d'années, nos villages, nos paysages et le rythme de nos vies ont changé. Tout a été bousculé. On ne produit plus le même vin et on ne le produit plus de la même façon. Les cathédrales de la vigne que sont nos grandes coopératives ont su se restructurer, s'adapter aux consommateurs et conquérir de nouveaux marchés. Les vignerons en caves particulières ont fait mentir ceux qui nous affublaient des épithètes les plus dévalorisants. Plus personne ne s'étonne de retrouver les vins de nos coteaux proposés sur les cartes des meilleures tables.

Oui, c'est à une véritable révolution copernicienne que le monde viticole de nos bords de Méditerranée a procédé. Avec un courage, une volonté et une détermination que je veux ici saluer. Je les salue d'autant plus que la viticulture, la culture de la vigne est, chez nous, plus qu'une simple production agricole. C'est une géographie. C'est une histoire. C'est une civilisation inscrite dans notre patrimoine et dans nos paysages. Le vin, c'est le sang de notre terre languedocienne. Il irrigue nos mémoires. Il est ce que nous sommes et nous sommes ce qu'il est.

Aujourd'hui, ici, à cette tribune, je ne viens donc pas seulement défendre les revenus de nos vignerons et les marges bénéficiaires de nos coopératives, je viens plaider pour une part de nous-mêmes, pour cette alliance magique entre une terre et ses hommes. Je ne voudrais surtout pas me payer de mots, mais un danger, oui, un grand danger menace mon Midi. Nos vignerons et nos viticulteurs souffrent : alors qu'ils n'ont jamais ménagé leurs efforts pour convaincre les sceptiques et pour en finir avec les préjugés, les voilà soumis à des aléas climatiques sans précédent – sécheresse, gel, grêle – et à un marché devenu fou, sans limites et dévastateur.

En ce moment même, nos viticulteurs souffrent d'une concurrence déloyale, d'une concurrence déguisée, d'une sorte de contrefaçon : impossible ou presque de faire la différence entre un BIB – un bag in box – de vin espagnol et un BIB de vin languedocien dans les rayons de certains supermarchés ; le packaging est le même, ou presque.

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