Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du mercredi 19 décembre 2018 à 15h00
Modification de l'acte portant élection des membres du parlement européen — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Ces débats, par ailleurs, sont menés en dépit du bon sens écologique.

Un changement du mode de scrutin ne fera pas disparaître, comme par magie, la défiance et l'acrimonie à l'égard de l'Union européenne ; il n'aura pas non plus d'effets substantiels sur les raisons de l'abstention massive à ces élections. Ce qui manque cruellement, c'est la souveraineté populaire. Si la souveraineté populaire était une réalité, j'ai la conviction que les GAFA – les géants du numérique – seraient taxés, que les harmonisations sociales et fiscales se feraient par le haut et qu'il y aurait une politique de développement des transports publics. L'éducation et la culture cesseraient d'être chaque jour marchandisées et les normes de protection pour la santé seraient promues de façon active et déterminée. L'Union européenne, en somme, prendrait un autre chemin que celui de la soumission aux marchés financiers.

Nous avons la conviction que le désamour pour l'Union européenne que l'on constate aujourd'hui s'explique par la trajectoire globale que celle-ci a empruntée depuis plusieurs décennies – depuis trop longtemps. Elle se détourne du bien-être de la population pour accompagner les désirs et les appétits du capital, les folies impérialistes et les impasses mortifères du consumérisme le plus débridé. Nous ne voulons pas de ce monde, car ce monde n'est pas désirable. Je crois que c'est parce qu'elle ne satisfait pas les besoins quotidiens de la majorité de nos concitoyennes et de nos concitoyens que cette Europe n'est plus acceptée, plus supportée. Elle dépossède les citoyens de leur capacité à être des individus libres.

Nous avons la conviction que la démocratie, pour se développer, n'a pas seulement besoin de règles formelles sur le fonctionnement civique, mais aussi d'une élévation continue des droits, devenus réalité. En effet, comment participer pleinement à la vie citoyenne quand on ne peut pas payer son loyer, quand on a un frigo vide, quand on n'a pas eu l'éducation qui permet de lire, de s'informer, d'exercer pleinement son esprit critique ?

Les rapporteurs de ce texte disent vouloir construire une « Europe des peuples » sans toucher aux traités européens. C'est une erreur fondamentale. En 2015, Jean-Claude Juncker disait qu'il ne pouvait pas y avoir de « choix démocratique en dehors des traités européens ». En réalité, c'est dans le cadre de ces traités qu'il ne peut pas y avoir de démocratie. Vous ne voulez pas voir cela et vous vous entêtez, même si vous faites manifestement fausse route. Mais pendant que la colère montait dans tout le pays, pendant qu'une crise institutionnelle majeure se jouait sur les ronds-points, dans les gares et aux portes des centres commerciaux, pendant qu'il fallait afficher le jaune fluo de son gilet et faire nombre pour espérer sortir de l'invisibilité et du mépris…

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