Intervention de Stanislas Reizine

Réunion du mardi 11 décembre 2018 à 16h30
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Stanislas Reizine, sous-directeur du système électrique et des énergies renouvelables, à la direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) du ministère de la transition écologique et solidaire :

Les régions ensoleillées, on le comprend aisément, sont particulièrement propices à la production d'énergie solaire photovoltaïque. C'est pourquoi les installations se trouvent plutôt dans le sud de la France. Toutefois, les appels d'offres sont conçus de telle manière qu'en matière d'installations au sol, 30 % des projets lauréats au cours de la dernière période concernaient le nord de la France – on observe également une remontée vers le nord dans la période actuelle. Ce phénomène s'explique, selon nous, par deux éléments. D'une part, le coût du foncier est plus élevé dans le sud que dans le nord et, d'autre part, un certain nombre de terrains dégradés – qui, pour des raisons historiques, sont nombreux dans les régions Grand-Est et Hauts-de-France – bénéficient de bonifications dans nos appels d'offres. Certes, les professionnels ont lancé un cri d'alarme, que nous avons entendu, parce qu'ils s'inquiètent que tous les projets soient situés dans le sud. Mais, en réalité, s'agissant notamment des installations au sol, on observe une remontée vers le nord.

Cela dit, vous avez raison, monsieur le président, il ne faut pas négliger l'aspect psychologique. Le ministère de la transition écologique a beaucoup travaillé à la reconversion du territoire de Fessenheim, par exemple, notamment en préparant un appel d'offres local. À cette occasion, nous nous sommes aperçus qu'aucun projet n'avait émergé dans le Haut-Rhin, alors que l'ensoleillement n'y est pas négligeable et que le réseau y est bien dimensionné, de sorte que des capacités d'accueil sont disponibles. Pourtant, des projets existaient dans les départements voisins. Il existe donc des facteurs locaux dont il est difficile de comprendre l'origine mais qui sont réels. Ainsi l'aspect psychologique peut être un frein dans certaines régions, où l'on croit inutile ne serait-ce que d'essayer de développer le photovoltaïque.

Par ailleurs, les Bâtiments de France représentent une piste très prometteuse. Deux mesures ont été prises dans le cadre plan lancé par Sébastien Lecornu. Premièrement, une doctrine générale concernant le solaire sur toiture doit être diffusée aux ABF, afin de favoriser des projets concernant des sites plus complexes, voire des bâtiments classés. Deuxièmement, un groupe de travail a été constitué avec les acteurs du patrimoine pour identifier une dizaine de réalisations exemplaires qui démontrent qu'il est possible de concilier énergie solaire et patrimoine. Nous avons la chance, en France, d'avoir des entreprises qui maîtrisent les technologies de fabrication des tuiles solaires, lesquelles peuvent être de couleur différente et être équipées d'un revêtement antireflets. Ces technologies innovantes représentent, pour l'instant, des marchés de niche, mais ils pourraient être amenés à se développer. Cette piste est donc intéressante pour deux raisons : d'une part, des toitures sont disponibles et, d'autre part, ces projets favoriseraient l'innovation des filières françaises.

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