Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du jeudi 20 décembre 2018 à 15h00
Mesures d'urgence économiques et sociales — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

C'est bien la domination d'un tout petit nombre de grands propriétaires, de grands financiers, de grands actionnaires qui a mis notre pays, l'Europe et le monde dans cet état.

C'est ce culte de la Rolex à cinquante ans, du mérite reconnu à quelques-uns, de la compétition de tous contre tous. Contre l'exigence de la vraie liberté, qui ne s'achète pas ; contre celle de la vraie égalité, qui ne s'en remet pas même à la chance ; celle de la vraie fraternité, qui se défie des frontières, C'est cela que nous appelons une crise globale, une crise de civilisation, au sens d'une crise anthropologique, au sens d'une crise de l'humain, d'une crise du sens. Elle se décompose en une crise économique, sociale, écologique, politique, démocratique.

On peut parler de la crise politique, qui a aussi ses ressorts propres : le présidentialisme, qui écrase toutes les dynamiques démocratiques ; le providentialisme, la quête de l'homme providentiel, qui ne manquera pas de décevoir ; la grande confusion, celle du « ni droite ni gauche » ou du « et de droite et de gauche », où tout se vaut et tout se ressemble ; l'élitisme et le goût du pouvoir personnel ; les affairismes en tous genres qui s'asseoient sur l'intérêt général pour servir des intérêts particuliers. Et la politique s'y perd.

Emmanuel Macron a prétendu être la solution à cette crise, alors que son irruption inopinée n'était qu'une des manifestations de cette crise. En effet, on ne pourra pas sortir de cette crise sans remettre en cause les carcans libéraux, la marchandisation du monde, l'accaparement des avoirs et des pouvoirs par un si petit nombre.

Est-ce vraiment de ce malaise, est-ce vraiment de tout ce malaise, dont nous parlons ? « Sans doute n'avons-nous pas su, depuis un an et demi, y apporter une réponse suffisamment rapide et forte », a déclaré le Président de la République. C'est là où le bât blesse. Le problème, ce n'est ni la rapidité, ni la force dont l'exécutif et la majorité font preuve, mais la direction. Le pouvoir fait fausse route. Je pourrais – mais je n'en aurai pas le temps – dresser le réquisitoire accablant des mauvaises réformes, des mauvais choix, des mauvais budgets.

À chaque loi, il s'est agi d'agrandir l'espace du marché et d'affaiblir la puissance publique, par laquelle s'affirme l'intérêt général.

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